« Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome III, 1926.djvu/29 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{tiret2|rhéto|rique}}, c’est-à-dire de la culture la plus délicate dont l’art du langage put alors être l’objet. Ils n’étaient pas moins préparés à apprécier l’organisation municipale romaine ou celle de {{corr|l’Etat|l’État}}. La première devait leur apparaître comme le développement logique et perfectionné des rouages dont l’embryon existait dans leurs propres groupements — et la seconde comme la consolidation définitive des liens fédéraux que, depuis plusieurs siècles, ils s’efforçaient de maintenir entre ces groupements. Au début il y eut des différences de traitement et comme une gradation dans les droits accordés à chaque cité mais bien vite l’unification commença de s’opérer en même temps que le nombre augmentait des individus admis au rang partout envié de « citoyen romain ». Lorsque, d’autre part, à Lyon devenue une magnifique capitale, le conseil des Gaules s’assemblait au mois d’août de chaque année dans le site auguste que décoraient entr’autres les statues des soixante cités celtes, les délégués qui composaient ce conseil et qu’avaient désignés les sénats de chacune des cités ne pouvaient éprouver qu’un légitime orgueil pour la situation prestigieuse dont, après tant de tribulations, leurs petites patries jouissaient désormais — et une juste reconnaissance pour la souveraineté qui la leur procurait.
{{tiret2|rhéto|rique}}, c’est-à-dire de la culture la plus délicate dont l’art du langage put alors être l’objet. Ils n’étaient pas moins préparés à apprécier l’organisation municipale romaine ou celle de {{corr|l’Etat|l’État}}. La première devait leur apparaître comme le développement logique et perfectionné des rouages dont l’embryon existait dans leurs propres groupements — et la seconde comme la consolidation définitive des liens fédéraux que, depuis plusieurs siècles, ils s’efforçaient de maintenir entre ces groupements. Au début il y eut des différences de traitement et comme une gradation dans les droits accordés à chaque cité mais bien vite l’unification commença de s’opérer en même temps que le nombre augmentait des individus admis au rang partout envié de « citoyen romain ». Lorsque, d’autre part, à Lyon devenue une magnifique capitale, le conseil des Gaules s’assemblait au mois d’août de chaque année dans le site auguste que décoraient entr’autres les statues des soixante cités celtes, les délégués qui composaient ce conseil et qu’avaient désignés les sénats de chacune des cités ne pouvaient éprouver qu’un légitime orgueil pour la situation prestigieuse dont, après tant de tribulations, leurs petites patries jouissaient désormais — et une juste reconnaissance pour la souveraineté qui la leur procurait.


Ces institutions romaines fonctionnèrent en Gaule avec une perfection harmonieuse qui paraît n’avoir été atteinte en aucune autre partie de l’empire, ni en Italie trop proche de Rome et trop exposée aux contre-coups de ses perpétuelles agitations, ni dans les provinces du sud ou de l’est où n’existait aucune homogénéité géographique ou ethnique comparable à celle qui distinguait le pays celte. Ainsi la Gaule fut-elle vraiment la province-modèle et c’est en cette qualité qu’elle servit longtemps de pierre angulaire à tout l’empire.
Ces institutions romaines fonctionnèrent en Gaule avec une
perfection harmonieuse qui paraît n’avoir été atteinte en aucune
autre partie fde l’empire, ni en Italie trop proche de Rome et trop
exposée aux contre-coups de ses perpétuelles agitations, ni dans
les provinces ’du sud ou de l’est où n’existait aucune homogénéité
géographique ou .ethnique comparable à celle qui distinguait
le pays celte. Ainsi la Gaule.fut-elle vraiment la province-modèle
et c’est en cette qualité qu’elle servit longtemps de J ?ierre
angulaire à tout l’empire.


Il faut ajouter à tant d’avantages que possédaient les Celtes une prospérité matérielle sans pareille. Strabon témoin de la métamorphose s’étonnait de l’ardeur au travail qui avait si vite pris chez eux la place de l’ardeur belliqueuse. Non seulement l’agriculture mais toutes les formes d’activité commerciale et industrielle se développèrent d’une extrémité à l’autre du territoire. Aussi dès le premier siècle de l’ère chrétienne, un historien oriental visitant la Gaule s’émerveillait et notait que « les sources de la richessee semblent y sourdre des profondeurs mêmes du sol. » Et bien plus tard, Ammien Marcellin assurait, parlant de la région de Bordeaux, qu’il serait difficile d’y trouver un seul
Il faut ajouter à tant d’avantages que possédaient les Celtes
une prospérité matérielle sans pareille. Strabon témoin de la
métamorphose s’étonnait de l’ardeur au travail qui avait si vite
pris chez .eux la place de l’ardeur belliqueuse. Non seulement
l’agriculture mais toutes les formes d’activité commerciale et
industrielle se développèrent d’une extrémité à l’autre du territoire.
Aussi ·dès le premier siècle de l’ère chrétienne, un historien
oriental visitant la Gaule s’émerveillait et notait que « les .sources
de la richessee semblent y sourdre des profondeurs mêmes du
sol. » Et bien plus tard, Ammien Marcellin assurait, parlant de
la r égion de Bordeaux, qu’il serait difficile d’y, trouver un seul

Version du 19 mars 2017 à 07:51

Cette page n’a pas encore été corrigée
25
le préceptorat romain

rique, c’est-à-dire de la culture la plus délicate dont l’art du langage put alors être l’objet. Ils n’étaient pas moins préparés à apprécier l’organisation municipale romaine ou celle de l’État. La première devait leur apparaître comme le développement logique et perfectionné des rouages dont l’embryon existait dans leurs propres groupements — et la seconde comme la consolidation définitive des liens fédéraux que, depuis plusieurs siècles, ils s’efforçaient de maintenir entre ces groupements. Au début il y eut des différences de traitement et comme une gradation dans les droits accordés à chaque cité mais bien vite l’unification commença de s’opérer en même temps que le nombre augmentait des individus admis au rang partout envié de « citoyen romain ». Lorsque, d’autre part, à Lyon devenue une magnifique capitale, le conseil des Gaules s’assemblait au mois d’août de chaque année dans le site auguste que décoraient entr’autres les statues des soixante cités celtes, les délégués qui composaient ce conseil et qu’avaient désignés les sénats de chacune des cités ne pouvaient éprouver qu’un légitime orgueil pour la situation prestigieuse dont, après tant de tribulations, leurs petites patries jouissaient désormais — et une juste reconnaissance pour la souveraineté qui la leur procurait.

Ces institutions romaines fonctionnèrent en Gaule avec une perfection harmonieuse qui paraît n’avoir été atteinte en aucune autre partie de l’empire, ni en Italie trop proche de Rome et trop exposée aux contre-coups de ses perpétuelles agitations, ni dans les provinces du sud ou de l’est où n’existait aucune homogénéité géographique ou ethnique comparable à celle qui distinguait le pays celte. Ainsi la Gaule fut-elle vraiment la province-modèle et c’est en cette qualité qu’elle servit longtemps de pierre angulaire à tout l’empire.

Il faut ajouter à tant d’avantages que possédaient les Celtes une prospérité matérielle sans pareille. Strabon témoin de la métamorphose s’étonnait de l’ardeur au travail qui avait si vite pris chez eux la place de l’ardeur belliqueuse. Non seulement l’agriculture mais toutes les formes d’activité commerciale et industrielle se développèrent d’une extrémité à l’autre du territoire. Aussi dès le premier siècle de l’ère chrétienne, un historien oriental visitant la Gaule s’émerveillait et notait que « les sources de la richessee semblent y sourdre des profondeurs mêmes du sol. » Et bien plus tard, Ammien Marcellin assurait, parlant de la région de Bordeaux, qu’il serait difficile d’y trouver un seul