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par le crédit de Sévère, son rival, patriarche monophysite d’Antioche. Les Arméniens seuls sont les purs disciples d’Eutychès, père malheureux qu’ont renié la plupart de ses enfans. Ils persévérèrent seuls dans l’opinion que l’humanité de Jésus-Christ avait été créée ou qu’elle ait été formée, sans création, d’une substance divine et incorruptible. Leurs adversaires leur reprochent d’adorer un fantôme, et ils rétorquent l’accusation, en couvrant de ridicule ou chargeant de malédictions le blasphème des jacobites, qui imputent à Dieu les viles infirmités de la chair, et jusqu’aux effets naturels de la nutrition et de la digestion. La religion de l’Arménie ne pouvait tirer beaucoup de gloire du savoir ou de la puissance de ses habitans. La royauté expira parmi eux au commencement de leur schisme, et ceux de leurs rois chrétiens qui, au treizième siècle, élevèrent sur les frontières de la Cilicie une monarchie passagère, étaient les protégés des Latins et les vassaux du sultan turc qui donnait des lois à Iconium. On n’a guère permis à cette nation sans appui de jouir de la tranquillité de la servitude. Dès les premiers temps de son histoire jusqu’au moment actuel, l’Arménie a été le théâtre d’une guerre perpétuelle. La cruelle politique des sophis a dépeuplé les terres situées entre Tauris et Érivan, et des myriades de familles chrétiennes ont été transplantées dans les provinces de la Perse les plus lointaines pour s’y anéantir ou s’y multiplier. Sous la verge de l’oppression, le zèle des Arméniens est fervent et intrépide ; ils ont souvent préféré la