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Schubea sauta à cheval et fit un geste.
Schubea sauta à cheval et fit un geste.


Les porteurs, entonnant leur chanson monotone, soulevèrent leurs {{tiret|palan|quins}}
Les porteurs, entonnant leur chanson monotone, soulevèrent leurs palanquins <includeonly>vides dont les rideaux étaient soigneusement baissés, et la caravane s’ébranla pour se diriger vers Bombay.</includeonly>

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la conservation et l’amour de la vie, et elle tenta d’échapper à la mort avec l’acharnement du désespoir.

Mais les serviteurs de Kâly étaient là et la repoussaient.

Sa voix était déchirante.

Dans son délire, elle appelait sa mère, Moura-Sing, Brahma, Vischnou, tous ses dieux, qui restaient sourds à ses prières.

Ses bras se tordaient ; mais sa beauté, sa jeunesse, ses tortures pouvaient-elles fléchir l’impassibilité fanatique de ces hommes, dont les lueurs sinistres du bûcher éclairaient les physionomies hideuses, les faces de mandrilles ?

Trois fois Gaya parvint à sortir des flammes qui la dévoraient et qu’elle entraînait avec elle comme une robe de feu.

Son beau corps était en lambeaux, les chairs s’en détachaient calcinées et pantelantes.

Trois fois elle fut impitoyablement rejetée dans le foyer avec un hourrah en l’honneur de la grande déesse.

Bientôt sa voix étouffée, à peine perceptible, ne se fit plus entendre que par hoquets saccadés, et son cadavre carbonisé mêla sa cendre à celle du bûcher.

L’œuvre infâme était achevée ; il ne restait plus qu’à en faire disparaître les traces.

Chacun s’approcha alors, et prenant dans son pagne ces cendres encore brûlantes, alla les jeter au loin dans les fourrés.

Puis, de l’eau puisée à la rivière fut répandue à profusion sur le sol, qu’on recouvrit d’herbes et de lianes arrachées çà et là au loin, voile artificiel qui devait suffisamment masquer la terre jusqu’à ce que la végétation l’eût tapissée de nouveau.

Cela fait, Schubea donna un ordre à ses hommes et, suivi de son lugubre cortège, il reprit le chemin du campement.

Lorsqu’il y arriva, la caravane était reformée et prête à se mettre en marche.

Les chevaux sellés n’attendaient que leurs cavaliers ; les beras, groupés autour des palanquins, n’avaient plus qu’à les charger sur leurs épaules ; les serviteurs allaient et venaient comme si le maître eût encore besoin de leurs services, et les massalchi allumaient leurs torches de résine odorante pour éclairer le chemin.

On pouvait apercevoir au loin, du côté de Rangoum, les palkees des bayadères qui retournaient à la pagode.

Schubea sauta à cheval et fit un geste.

Les porteurs, entonnant leur chanson monotone, soulevèrent leurs palanquins