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histoire universelle

par sa docilité envers les Habsbourg et le sultan. Aussi en 1858 les Obrénovitch avaient-ils été restaurés. Leur chef Michel eut un règne prospère mais trop court (1860-1868) ; un assassinat y mit fin dans lequel il semble que la dynastie rivale ne soit pas sans responsabilité. Son neveu Milan lui succéda. En Europe on commençait à parler de la Serbie comme d’un « Piémont oriental ». L’état serbe ne groupait encore qu’un million de nationaux mais il possédait une armée de cent cinquante mille combattants à l’aide de laquelle Michel avait compté assurer la prochaine émancipation de la Bosnie encore sous le joug. Des garnisons turques continuaient pourtant d’occuper certaines forteresses, notamment la citadelle de Belgrade ; il en résultait de sanglantes échauffourées. La France et la Russie généralement d’accord dans leur politique pro-serbe finirent par imposer à la Turquie, malgré l’Angleterre, le retrait de ses soldats.

Au Monténégro, le pouvoir princier, comme nous l’avons vu, avait longtemps revêtu un caractère semi-ecclésiastique ; il avait été sécularisé en 1851 à l’avènement du prince Danilo et lorsque, plus tard, les Turcs avaient menacé à nouveau l’indépendance monténégrine, une flotte française s’était interposée.

Pour compléter ces interventions balkaniques et établir solidement l’influence française sur les États de la péninsule, il eût fallu ne pas négliger les Hellènes. Le cabinet de Paris ne s’en avisa pas. Les hommes politiques étaient pour la plupart fort ignorants du monde balkanique. Un des ministres de l’empereur appréciant sa sage politique roumaine la qualifiait de « joujou impérial ». La Grèce, de plus, avait cessé d’être populaire en France. Les facéties d’un journaliste, Ed. About exerçaient sur l’opinion une action singulièrement disproportionnée avec la valeur de l’écrivain. On se gaussait des crises gouvernementales : onze en trois ans ; on n’attendait pas plus du roi Georges élu en 1863 que de son prédécesseur le roi Othon. À y regarder de près cependant la question grecque était simple. De même que pour assurer l’avenir roumain, il fallait réaliser l’union des deux principautés, l’avenir hellène exigeait avant tout la réunion de la Crète à la mère-patrie. Selon le mot du prince de Saxe-Cobourg, l’État grec sans la Crète, restait « estropié ». Or les Crétois, jamais résignés, se soulevaient périodiquement. L’Europe les laissait écraser. En 1866 leur effort fut héroïque : quarante mille turcs n’en purent venir à bout. L’Angleterre violemment hostile réussit à paralyser la bonne