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une condition privée. La raison lui avait conseillé de renoncer aux grandeurs ; le contentement semble l’avoir accompagné dans sa retraite. Il s’attira jusqu’au dernier moment la vénération des princes entre les mains desquels il avait remis le sceptre de l’univers<ref>{{Hwp|Eumène (rhéteur)|Eumène}} en fait le plus bel éloge. ''{{lang|la|At enim divinum illum virum, qui primus imperium et participavit et posuit, consilii et facti sui non pœnitet ; nec amisisse se putat, quod sponte transcripsit. Felix beatusque verè quem vestra, tantorum principum, colunt obsequia privatum.}}'' (Panegyr. vet., {{rom2|VII|7}}, p. 15.)</ref>. Il est rare qu’un homme chargé pendant long-temps de la direction des affaires publiques se soit formé l’habitude de converser avec lui-même. Lorsqu’il a perdu le pouvoir, son malheur principal est le défaut d’occupation. La dévotion et les lettres, qui offrent tant de ressources dans la solitude, ne pouvaient fixer l’attention de Dioclétien ; mais il avait conservé, ou du moins il reprit bientôt du goût pour les plaisirs les plus purs et les plus naturels. Il passait son temps à bâtir, à planter et à cultiver son jardin ; ces amusemens innocens occupaient suffisamment son loisir. {{HdcerEn|Sa philosophie.|ch13.65}}On a justement vanté sa réponse à Maximien. Ce vieillard inquiet le sollicitait de reprendre la pourpre impériale et les rênes du gouvernement. Dioclétien rejeta cette proposition avec un sourire de pitié, en disant que s’il pouvait montrer à Maximien les beaux choux qu’il avait plantés de ses mains à Salone, celui-ci ne le presserait plus d’abandonner la jouissance du bonheur pour courir
une condition privée. La raison lui avait conseillé de renoncer aux grandeurs ; le contentement semble l’avoir accompagné dans sa retraite. Il s’attira jusqu’au dernier moment la vénération des princes entre les mains desquels il avait remis le sceptre de l’univers<ref>{{Hwp|Eumène (rhéteur)|Eumène}} en fait le plus bel éloge. ''{{lang|la|At enim divinum illum virum, qui primus imperium et participavit et posuit, consilii et facti sui non pœnitet ; nec amisisse se putat, quod sponte transcripsit. Felix beatusque verè quem vestra, tantorum principum, colunt obsequia privatum.}}'' (Panegyr. vet., ᴠɪɪ, p. 15.)</ref>. Il est rare qu’un homme chargé pendant long-temps de la direction des affaires publiques se soit formé l’habitude de converser avec lui-même. Lorsqu’il a perdu le pouvoir, son malheur principal est le défaut d’occupation. La dévotion et les lettres, qui offrent tant de ressources dans la solitude, ne pouvaient fixer l’attention de Dioclétien ; mais il avait conservé, ou du moins il reprit bientôt du goût pour les plaisirs les plus purs et les plus naturels. Il passait son temps à bâtir, à planter et à cultiver son jardin ; ces amusemens innocens occupaient suffisamment son loisir. {{HdcerEn|Sa philosophie.|ch13.65}}On a justement vanté sa réponse à Maximien. Ce vieillard inquiet le sollicitait de reprendre la pourpre impériale et les rênes du gouvernement. Dioclétien rejeta cette proposition avec un sourire de pitié, en disant que s’il pouvait montrer à Maximien les beaux choux qu’il avait plantés de ses mains à Salone, celui-ci ne le presserait plus d’abandonner la jouissance du bonheur pour courir

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une condition privée. La raison lui avait conseillé de renoncer aux grandeurs ; le contentement semble l’avoir accompagné dans sa retraite. Il s’attira jusqu’au dernier moment la vénération des princes entre les mains desquels il avait remis le sceptre de l’univers[1]. Il est rare qu’un homme chargé pendant long-temps de la direction des affaires publiques se soit formé l’habitude de converser avec lui-même. Lorsqu’il a perdu le pouvoir, son malheur principal est le défaut d’occupation. La dévotion et les lettres, qui offrent tant de ressources dans la solitude, ne pouvaient fixer l’attention de Dioclétien ; mais il avait conservé, ou du moins il reprit bientôt du goût pour les plaisirs les plus purs et les plus naturels. Il passait son temps à bâtir, à planter et à cultiver son jardin ; ces amusemens innocens occupaient suffisamment son loisir. [Sa philosophie.]On a justement vanté sa réponse à Maximien. Ce vieillard inquiet le sollicitait de reprendre la pourpre impériale et les rênes du gouvernement. Dioclétien rejeta cette proposition avec un sourire de pitié, en disant que s’il pouvait montrer à Maximien les beaux choux qu’il avait plantés de ses mains à Salone, celui-ci ne le presserait plus d’abandonner la jouissance du bonheur pour courir

  1. Eumène en fait le plus bel éloge. At enim divinum illum virum, qui primus imperium et participavit et posuit, consilii et facti sui non pœnitet ; nec amisisse se putat, quod sponte transcripsit. Felix beatusque verè quem vestra, tantorum principum, colunt obsequia privatum. (Panegyr. vet., ᴠɪɪ, p. 15.)