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à travers l’histoire sud-américaine

tournèrent leurs armes contre ce prince maladroit et impopulaire. Au lieu de s’embarquer pour l’Amérique, ils marchèrent sur Madrid (1820). San Martin, aidé par l’amiral anglais Cochrane passé au service du Chili, s’empara de Lima le 28 juillet 1821. Cette même année, Bolivar réoccupa Caracas et Carthagène et le congrès de Cucuta dota la république de Colombie d’une constitution. En 1822 le gouvernement des États-Unis reconnut le gouvernement colombien, qui signa d’autre part des traités avec le Chili, le Pérou, le Mexique et la Plata. Et ce fut la fin. Le 6 décembre 1824, le général Sucre, lieutenant de Bolivar, mit en déroute dans la plaine d’Ayacucho, entre Cuzco et Lima, la dernière armée espagnole. L’Espagne trouva son Waterloo en ces lieux où, trois siècles plus tôt, s’était abattu sous ses coups l’empire des Incas.

Pendant cette période comme pendant la précédente l’Amérique portugaise avait eu des destins différents de ceux de l’Amérique espagnole. La maison de Bragance fuyant devant l’ouragan napoléonien avait débarqué au Brésil en 1808 et, de ce fait, le Brésil était devenu un royaume indépendant, situation consacrée officiellement en 1815. Il avait bien fallu se décider alors à supprimer les entraves de tout genre qui empêchaient le pays de se développer matériellement et intellectuellement, ouvrir les ports, permettre les défrichements, les industries, les spéculations. Jamais ne fut plus apparente la vertu créatrice de la liberté. En dix ans, la population s’accrut d’un tiers et les revenus doublèrent. Le roi Jean vi étendit même son domaine déjà si considérable en s’emparant de Montevideo. Mais la révolution qui, en 1820, éclata à Lisbonne et à Oporto — contre-coup de celle d’Espagne — le rappela en Europe. C’était un prince « ignorant, pusillanime et borné ». Les Brésiliens ne le regrettèrent pas. Il leur laissait pour régent son fils dom Pedro et celui-ci, comprenant fort bien que la couronne