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52 de la variation à l’état de nature.  

races géographiques ou sous-espèces constituent des formes locales complètement fixes et isolées ; mais, comme elles ne diffèrent pas les unes des autres par des caractères importants et fortement accusés, « il faut s’en rapporter uniquement à l’opinion individuelle pour déterminer lesquelles il convient de considérer comme espèces, et lesquelles comme variétés ». Enfin, les espèces représentatives occupent, dans l’économie naturelle de chaque île, la même place que les formes locales et les sous-espèces ; mais elles se distinguent les unes des autres par une somme de différences plus grande que celles qui existent entre les formes locales et les sous-espèces ; les naturalistes les regardent presque toutes comme de vraies espèces. Toutefois, il n’est pas possible d’indiquer un criterium certain qui permette de reconnaître les formes variables, les formes locales, les sous-espèces et les espèces représentatives.

Il y a bien des années, alors que je comparais et que je voyais d’autres naturalises comparer les uns avec les autres et avec ceux du continent américain les oiseaux provenant des îles si voisines de l’archipel des Galapagos, j’ai été profondément frappé de la distinction vague et arbitraire qui existe entre les espèces et les variétés. M. Wollaston, dans son admirable ouvrage, considère comme des variétés beaucoup d’insectes habitant les îlots du petit groupe de Madère ; or, beaucoup d’entomologistes classeraient la plupart d’entre eux comme des espèces distinctes. Il y a, même en Irlande, quelques animaux que l’on regarde ordinairement aujourd’hui comme des variétés, mais que certains zoologistes ont mis au rang des espèces. Plusieurs savants ornithologistes estiment que notre coq de bruyère rouge n’est qu’une variété très prononcée d’une espèce norwégienne ; mais la plupart le considèrent comme une espèce incontestablement particulière à la Grande-Bretagne. Un éloignement considérable entre les habitats de deux formes douteuses conduit beaucoup de naturalistes à classer ces dernières comme des espèces distinctes. Mais n’y a-t-il pas lieu de se demander : quelle est dans ce cas la distance suffisante ? Si la distance entre l’Amérique et l’Europe est assez considérable, suffit-il, d’autre part, de la distance entre l’Europe et les Açores, Madère et les Canaries, ou de celle qui existe entre les différents îlots de ces petits archipels ?