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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Les arbres et les fleurs ont germé sous la lave ;
À peine si l’on voir, dans les jeunes forêts,
Sur cette verte mer de mousse et de genêts,
Un bloc stérile et noir flotter comme une épave.

À travers le réseau du taillis odorant,
Sur la côte facile et les pentes fleuries
Qui s’encombrent parfois de monceaux de scories,
Court un étroit sentier connu du pâtre errant.

J’ai gravi d’un pied lent le cône solitaire,
Et j’ai suivi des yeux l’horizon qui grandit ;
Mais, soudain, devant moi la crête s’arrondit
Et me voici debout au-dessus du cratère.

Il s’offre, vaste et calme, aux pas de l’étranger,
Aujourd’hui que les vents ont balayé sa cendre ;
Grand cirque de verdure, il invite à descendre,
Déroulant les tapis de son gazon léger.

Aux regards hésitants sa largeur se dérobe ;
Et l’on rêve, en voyant s’ouvrir, sous un ciel pur,
La coupe d’émeraude au couvercle d’azur
Où fermenta longtemps la jeunesse du globe.

Le cratère n’a point d’issue, et ses parois
Mêlent l’airelle brune à la bruyère rose.
Jamais sur l’herbe courte un oiseau ne se pose,
Comme s’il avait peur des flammes d’autrefois.

Rien ne vient animer la solitude morne
De cet étrange lieu, d’où l’on voit, vers midi,
Répandant brusquement des flots d’air attiédi,
Le soleil s’élancer dans l’espace sans borne.