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j’ai été fixé à Paris, mon projet m’occupait tout entier, et il ne devait plus dans ma vie y avoir place pour autre chose. Je me suis même éloigné des femmes, quoique je les aimasse, et à vrai dire, à l’exception de mes sœurs, je n’ai jamais bien aimé personne, si ce n’est Florimont, garçon sellier dans le train d’artillerie : mais il y a bien des années. Il était de l’ex-garde. A Metz, je me suis lié aussi avec Dumont qui avait suivi Bonaparte en Egypte, et qui me racontait des choses bien intéressantes de ses campagnes : mais le second, pas plus que l’autre, n’a jamais rien su de mon projet, et vous avez vu leurs dépositions. Ainsi, ne me demandez plus si j’ai des complices, car j’ai déjà répondu bien des fois à cette question. Vous vous trompez tous ; si j’avais été homme à recevoir de l’argent, si j’étais homme à dénoncer ceux qui m’auraient soudoyé ,je n’aurais pas eu le courage de faire ce que j’ai fait. J’étais si loin de donner mon secret à personne, que, pas une seule fois, je ne me suis laissé aller à dire du mal des Bourbons. C’eût été une imprudence bien inutile. — Mais au moins, dit M. Bonnet, vous devez vous repentir du forfait que vous avez commis ? — Non, monsieur, je n’ai pas plus de repentir que de complice. J’ai médité mon crime bien long-temps, vous le savez. Lorsque je comptais l’exécuter, je mettais cette redingote légère que vous me voyez, et ces souliers fins que je porte, afin de fuir plus aisément. Je m’étais fait faire aussi une petite livrée de la maison du roi, avec laquelle je pouvais sans peine approcher de la famille royale. Si le soir où j’ai frappé le prince, j’avais pu réussir à m’échapper, je serais retourné me coucher à mon logement habituel aux Ecuries du roi, où certes personne ne m’aurait soupçonné ; et j’aurais continué « mon projet sur quelqu’autre membre de la famille. Peut-être me serais-je arrêté après Monsieur: car, pour le roi, je ne pense pas qu’il ait porté les armes contre la France, et je n’en voulais qu’à ceux qui s’étaient rendus coupables de ce crime. Et aujourd’hui la seule chose que je regrette, c’est d’avoir été si tôt pris. — Les journaux peut-être vous auront tourné la tête ? — Les journaux ! je ne les lis plus depuis 1814. Ils n’avaient