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GUILLAUME.

Que dis-tu ? ma ville prise ! mais comment ? Ne peuvent-ils se défendre ? les murailles sont fortes !

LE DÉMON.

Les habitans sont réduits à l’extrémité ; l’ennemi les presse. Je viens t’avertir de leur porter secours au plus tôt.

GUILLAUME, éperdu.

Les secourir !... Et le puis-je sous cette robe ?

(Il déchire sa robe d’ermite.)

Ah ! si j’avais des armes !... le siège serait bientôt levé.

LE DÉMON.

En voici : je l’en ai apporté.

GUILLAUME, les saisissant.

Ah ! des armes !...

(Le démonte revêt d’une armure complète.)

L’ANGE GABRIEL paraît.

Guillaume ! Guillaume ! où allez-vous ? vous avez promis à Dieu de rester son fidèle serviteur !

GUILLAUME.

Il faut que j’aille défendre ma ville qui est assiégée.

L’ANGE GABRIEL.

Ne croyez pas celui qui vous l’a dit : c’est l’esprit du mensonge.

GUILLAUME.

Se peut-il ! — O mon Dieu, mon créateur, pardon !

(Il tombe à genoux.)

Je le demande, le mouvement d’Achille oubliant ses habits de femme, et s’élançant sur les armes que lui présente Ulysse, est-il aussi touchant, aussi dramatique que cet élan de saint Guillaume ? Comme il fait bien sentir que le cœur du chevalier bat encore sous le cilice du pénitent ! On devine tout de suite combien de fois chaque jour le comte de Poitou, dans ses souvenirs tentateurs, doit prendre à deux mains son crucifix d’ermite, ainsi qu’une épée de bataille ! Ce trait révèle mieux les combats intérieurs du saint, que ne le feraient les plus beaux monologues ; on devine la plaie en voyant le sang couler.

Dans les scènes suivantes, nous retrouvons Guillaume accablé par les souffrances du corps et de l’âme, triste jusqu’à la mort, et attendant que Dieu l’appelle. Tout à coup une femme belle comme une jeune vierge, et sainte comme une vieille aïeule, passe devant la porte de sa cabane, s’arrête, et tourne vers lui son visage lumineux.