« Page:Stendhal - Armance, Lévy, 1877.djvu/40 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
 
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
(Aucune différence)

Version du 25 juillet 2018 à 08:59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelle horreur ! ou l’Ami du despotisme pervertisseur de l’opinion publique.

Letellier, le principal personnage de cette comédie, était le rôle dévolu à Dugazon. Les autres rôles devaient être donnés à Baptiste aîné, Dumas, Fleury, etc.

Malgré tous ses efforts, cette composition est restée à l’état de simple ébauche.

Deux années s’écoulèrent ainsi ; c’était bien long pour un homme de cette mobilité, aussi passionné pour l’imprévu, pour tout changement quelconque.

En mars 1805, Beyle alla essayer encore une fois de la vie de famille, à Grenoble ; elle lui parut supportable pendant quelque temps ; car une jolie actrice, dont il était très-épris, le payait de retour. Tout allait au mieux, lorsque cette jeune femme partit pour Marseille, où elle avait contracté un engagement ; il fallait absolument la suivre ; mais comment faire ? Le moyen dont il usa ne se devinerait guère.

Beyle se montra tout à coup épris d’une belle passion pour le commerce ! M. Raybaud, fils d’un petit épicier de Grenoble, ayant sa boutique dans la maison même de M. Gagnon, faisait à Marseille d’assez grandes affaires sur les denrées coloniales : Beyle obtint d’entrer dans cette maison, en qualité de commis. Le voilà donc assis sur un escabeau de comptoir, plus heureux que jamais auprès de celle qu’il aimait, et persuadé que le commerce était sa véritable vocation : il me le disait dans toutes ses lettres. Cette félicité, qui ne laissait rien voir au delà, dura une année.

Bref, la passion ayant pris fin par le mariage de l’actrice avec un grand seigneur russe, le métier de négociant fit horreur à Beyle, et il obtint de sa famille la permission de revenir à Paris, où il reprit ses habitudes studieuses.

M. Martial Daru, sous-inspecteur aux revues, engagea Beyle à l’accompagner à l’armée ; il fut très-contrarié d’abandonner les travaux littéraires auxquels il se livrait de nouveau avec ardeur. Cependant, il accepta ; assista à la bataille d’Iéna, le 14 octobre 1806, et vit l’entrée triomphale de Napoléon à Berlin, le 27. Peu de jours après, M. le comte Daru, alors intendant général dans le pays de Brunswick, fit conférer à