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césar cascabel.


— Tu as raison !… C’est un beau pays que le nôtre et un bon pays ! S’il pouvait jamais devenir le tien, tu t’y plairais…

— Je me plairais partout où serait ta famille, Jean, et mon plus grand désir est de ne jamais vous quitter !

— Chère petite Kayette !

— C’est bien loin, la France ?…

— Tout est loin, Kayette, et surtout quand on a hâte d’arriver ! Mais nous arriverons… trop tôt peut-être…

— Pourquoi, Jean ?

— Parce que tu resteras en Russie avec M. Serge !… Si nous ne nous séparons pas ici, il faudra nous séparer là-bas !… M. Serge te gardera, petite Kayette ! Il fera de toi une belle jeune fille… et nous ne te verrons plus !

— Pourquoi dire cela, Jean ? M. Serge est bon et reconnaissant !… Ce n’est pas moi qui l’ai sauvé, c’est vous, c’est bien vous !… Si vous n’aviez pas été là, qu’aurais-je pu faire pour lui ?… S’il vit, c’est à ta mère, c’est à vous tous qu’il le doit !… Penses-tu que M. Serge puisse l’oublier ?… Pourquoi veux-tu, Jean, si nous nous séparons, pourquoi veux-tu que ce soit pour toujours ?

— Petite Kayette… je ne le veux pas ! répondit Jean, qui ne pouvait contenir son émotion. Mais… j’ai peur !… Ne plus te voir, Kayette ! Si tu savais combien je serais malheureux !… Et puis, ce n’est pas seulement te voir que j’aurais voulu !… Ah ! pourquoi ma famille ne peut-elle te suffire, puisque tu n’as plus de parents !… Mon père et ma mère t’aiment tant…

— Pas plus que je ne les aime, Jean !

— Et aussi, mon frère et ma sœur ! J’espérais qu’ils auraient été une sœur et un frère pour toi !

— Ils le seront toujours… Et toi, Jean ?…

— Moi… moi aussi… petite Kayette… Oui !… un frère… mais plus dévoué… plus aimant !… »

Et Jean n’alla pas au-delà. Il avait pris la main de Kayette, il la pressait… Puis, il s’en fut, ne voulant pas en dire davantage. Kayette,