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commander les approches, ou à la base des tours pour enfiler les fossés, protéger les courtines, qui ne se défendent que contre l’attaque rapprochée à l’aide des anciennes armes. Ainsi le rôle des tours, à la fin du moyen âge, au lieu de diminuer, prend plus d’importance. Moins rapprochées les unes des autres, puisqu’elles sont munies d’engins à longue portée, elles se projettent davantage en dehors des courtines afin de les mieux flanquer ; elles s’en détachent même parfois presque entièrement, surtout aux saillants ; elles étendent considérablement leur diamètre, elles renforcent leurs parois et sont casematées. Souvent même la batterie supérieure, au lieu d’être découverte, est blindée au moyen d’une carapace de maçonnerie et de terre. Nous ne pourrions dire si cette innovation des batteries supérieures blindées est due à la France, à l’Allemagne ou à l’Italie. Francesco di Giorgio Martini, architecte de Sienne, qui vivait au milieu du XVe siècle, donne plusieurs exemples de ces tours avec batteries supérieures blindées dans son Traité de l’architecture militaire[1]. Nous avons trouvé, en France, des traces de ces couvertures dans des ouvrages en forme de tours protégeant des saillants[2], ce qui n’interdisait pas l’emploi des anciens mâchicoulis et crénelages.

Voici (fig. 35) un exemple de ces sortes de tours. En A est tracé le plan de l’ouvrage au niveau du sol de la place. La salle D est percée d’embrasures pour trois pièces de canon ; un escalier, ouvert au centre de cette salle, permet de descendre dans le moineau C′, dont le plan est détaillé en C[3]. La salle D, voûtée, est ouverte du côté de la place, tant pour aider à la défense que pour laisser échapper la fumée. La tour est munie d’un parapet crénelé avec mâchicoulis en forme de pyramides renversées pour faciliter le tir de haut en bas et mieux protéger le talus. Sur la plate-forme est établie une batterie casematée avec quatre embrasures, ainsi que l’indique le plan B. Ces embrasures commandent les dehors par-dessus la crête des merlons. Une traverse en maçonnerie E garantit les hommes postés derrière le parapet des coups d’enfilade et de revers. La voûte de la batterie et celle du moineau sont couvertes de cran et de terre battue et gazonnée. Le système défensif de cette tour est facile à comprendre. La batterie basse, avec les deux

  1. Trattato di architettura civile e militare di F.G. Martini, publié pour la première fois par les soins du chevalier César Saluzzo. Turin, 1861. Voyez l’atlas, pl. V, XXII, XXIII et suiv.
  2. À Langres, à Dijon, ancien château, XVe siècle ; à Marseille, fin du XVe siècle (front démoli du Nord) ; peut-être au château de Ham, avant la reconstruction de la plate-forme de la grosse tour, bâtie par le comte de Saint-Pol, et dont les murs ont 10 mètres d’épaisseur.
  3. On donnait le nom de moineau à un petit ouvrage saillant bas, placé au fond du fossé, le défendant et pouvant contenir des arquebusiers ou même des arbalétriers. On croyait ainsi protéger le point mort des tours circulaires. (Voyez à l’article Boulevard le grand ouvrage de Schaffhausen, les défenses circulaires qui remplissaient exactement dans le fossé d’office de moineaux.)