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puissance devrait soutenir une guerre contre la Russie, — la Russie, il faut le répéter, — avec qui l’Italie n’a, ni de près ni de loin, absolument rien à démêler pour son propre compte !

Quand, la plume à la main, on traduit en termes précis une idée comme celle dont je viens d’écrire la formule, et que, d’autre part, l’on se reporte à la connaissance que l’on a de cet esprit politique si pratique dont le peuple italien a donné tant de preuves dans tous les temps, l’on s’arrête vraiment confondu.

Et pourtant les avertissemens susceptibles de l’éclairer sur les conséquences de l’acte grave auquel on le conviait ne lui ont point manqué. M. le député Marazzi, entre autres, a dit à ses compatriotes avec la compétence qui s’attache à sa qualité d’officier supérieur : — Prenons garde ! En 1882, nous avons peut-être bien fait de nous mettre du côté des puissances allemandes, parce que c’était le côté des plus forts ; mais aujourd’hui la France et la Russie représentent une masse de forces dont la somme dépasse de 180,000 hommes celles dont peut disposer la triple alliance. Si nous persistons à y rester, c’est donc du côté des plus faibles que nous nous trouverons. — Telle est l’opinion émise par cet officier supérieur de l’armée italienne, et, telle qu’il l’exprimait, elle était déjà de nature à impressionner son auditoire. Mais l’impression eût été bien autrement profonde si, au lieu de l’opinion de l’honorable M. Marazzi, le parlement italien avait pu entendre citer celle de sir Charles Dilke. Cet homme d’État anglais, qui doit être placé aussi bien que M. Marazzi, pour évaluer les forces de la Russie, les porte à k millions d’hommes en première ligne et 2 millions d’hommes en deuxième. La France pouvant, de son côté, porter sa mise sur pied de guerre jusqu’à 3 millions 500,000 hommes, ils s’ensuivrait que la triple alliance, qui ne disposerait en tout que de 6 millions d’hommes, se trouverait exposée à devoir supporter le choc de 9 millions 1/2 de soldats entre Russes et Français. Ces chiffres ont quelque chose de fantastique. Ils frappent l’imagination en quelque sorte à la manière de l’immensité des évaluations astronomiques ; mais avec cette différence que celles-ci récréent et ornent l’esprit de quiconque s’y arrête, tandis que ceux-là le remplissent d’horreur. Tous ces millions d’hommes, qu’ils soient tant qu’en voit M. Marazzi ou tant qu’en indique sir Charles Dilke, ne sont-ils pas autant de millions de bras armés d’instrumens de destruction et de mort ! Mais écartons ces réflexions dans l’abîme desquelles la pensée s’égarerait et revenons à notre sujet. Les adversaires de M. Marazzi, auxquels le gouvernement italien a, en dernière analyse, donné raison, disent : soit ; la triple alliance a