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son côté, justement ému de divulgations qui intéressaient l’honneur de quelques-uns de ses membres, croyait devoir instituer une commission d’enquête, et cette commission pouvait accomplir son œuvre librement, honnêtement, avec une suffisante efficacité. Tout cela était possible avec quelque sang-froid, en restant dans la limite de la raison et des lois, en respectant l’indépendance des juridictions. Pas du tout : on a cédé à une sorte d’ahurissement universel. On a fait d’une enquête une sorte d’enchère publique ouverte au milieu du bruit des délations et des excitations. La commission parlementaire a eu tout l’air de se précipiter sur la justice pour lui arracher ses secrets, ses papiers, ses instructions ; elle a eu encore la prétention de dicter ou de régler les procédures. La justice, toujours assez lente, s’est réveillée un peu tardivement et a protesté. Les conflits se sont élevés : on est arrivé à une confusion complète, — et pour commencer, dans cette bagarre, un ministère, flottant jusqu’au bout entre tous les conseils, est tombé sur le coup. Le premier résultat de cette malencontreuse affaire de Panama a été une crise ministérielle, et ce n’est point sans peine, en vérité, qu’on est arrivé à sortir de cette crise nouvelle. On s’est agité pendant huit jours pour en revenir au même point ou tout au moins à un ministère composé à peu près des mêmes hommes.

Qu’est-ce que cette crise, en effet ? Elle n’est point assurément le moins curieux épisode de cette singulière histoire qui se déroule sous nos yeux. Au premier abord, la solution paraissait assez simple. La commission d’enquête parlementaire, représentée par son président, M. Henri Brisson, prétendait imposer des actes de procédure de l’ordre le plus délicat et obtenir d’autorité la communication du dossier encore secret de l’instruction judiciaire ouverte contre les administrateurs de Panama. Le ministère, représenté parle président du conseil, M. Loubet, et par un triste garde des sceaux, s’était décidé un peu tard, après bien des hésitations et des contradictions, à résister aux prétentions de la commission d’enquête, à sauvegarder les droits, les traditions de la justice régulière.

La lutte était directe, précise, et dans cette lutte poussée à fond, M. le président du conseil Loubet se voyait abandonné par la chambre, vaincu par le président de la commission d’enquête, M. Henri Brisson. C’était donc à M. Brisson de prendre la direction d’un gouvernement résolu à consacrer l’omnipotence de la commission parlementaire, et c’est à lui effectivement que M. le président de la république donnait la mission de reconstituer un ministère. Quelles étaient les vues de M. Brisson ? Il les a expliquées lui-même et elles n’en sont pas plus saisissables. Le plus clair est que M. Brisson, quoique passablement gonflé de son importance, n’a réussi ni à former un ministère radical, comme il l’aurait sans doute désiré, ni à refaire ce qu’on appelle un Vûiiuistère de concentration républicaine. Radicaux et modérés lui ont