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d’autant mieux que les députés des circonscriptions de langue allemande ne se faisaient pas faute de siéger. La question fut l’objet de longs débats, et donna naissance à la scission entre les Vieux-Tchèques, qui voulaient continuer le système d’abstention, et les Jeunes-Tchèques, décidés à siéger. Ceux-ci l’emportèrent en 1879. Les Tchèques parurent à la Chambre des députés de Vienne, non sans faire entendre une déclaration solennelle, portant qu’ils n’entendaient renoncer à aucun des droits de la Bohème.

Depuis cette époque, la question du droit public de la Bohême n’a pas fait un pas. Le ministère conciliant du comte Taaffe a été, pour les Tchèques, une période de calme relatif. A sa chute, les tendances centralistes ont repris de plus fort. Le procès de l’Omladina, la proclamation du petit état de siège à Prague, en sont de tristes symptômes. La question tchèque reste pendante, et, après tant de déceptions, la solution en semble aujourd’hui plus éloignée que jamais.


II

La lutte continue, néanmoins, toujours plus âpre et plus ardente, contre les Allemands et la germanisation d’abord, contre l’administration autrichienne et les tendances centralistes ensuite. Double guerre qui, au fond, n’en fait qu’une ; pour tenir tête à tant d’ennemis, ce n’est pas trop de la vigilance et de l’énergie de tout un peuple.

Contre l’envahissement allemand, c’est la guerre de langues, et son application directe, la guerre d’écoles. Il n’est pas aisé à des Français de se rendre un compte exact de ces luttes de races qui sont le fond de la politique de toute l’Europe centrale et orientale. Le sentiment de la patrie est chez nous indépendant de la race, et il n’est nulle part plus vif que dans ceux de nos départemens qui ne parlent pas français. Il en est tout autrement entre Allemands et Slaves. La langue, la race, la patrie ne font qu’un. Tout Slave qui cesse de parler slave pour s’exprimer en allemand pense en allemand, a le cœur allemand et est perdu pour les Slaves. Le jour où la Bohême parlerait allemand, il n’y aurait plus de Bohême, mais une province allemande.

La situation géographique des Tchèques, au milieu des Allemands qui les entourent, est heureusement favorable. Ils occupent le centre du pays. Les Allemands, qui ont débordé de toutes parts la frontière de Bohême, se répandent en bande allongée le long de cette frontière, et ne forment une masse compacte qu’au Nord, surtout au Nord-Ouest, dans la région connue par les bains