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locaux ou nationaux, feraient plus de ruines ; des secousses qui, en se prolongeant au dehors, ébranlent à peine la place, renverseraient les maisons les plus solides. Grâce à leurs relations, les différens marchés, viennent, en cas de besoin, au secours les uns des autres. N’avons-nous pas vu, il y a quelques années, la Banque de France faire une avance à la Banque d’Angleterre ? Mais, d’habitude, il n’est pas besoin de pareils concours. Les diverses Bourses se prêtent appui, sans même en avoir la volonté ou le sentiment. Une place dans l’embarras réalise, sur une autre, son portefeuille international ; des offres que, à telle heure, un jour de crise, le marché intérieur, désemparé, laisserait forcément, tomber dans le vide trouvent sans peine une contre-partie à l’étranger. Par le seul jeu de l’offre et de la demande, et par cette façon de libre-échange des valeurs, il tend à s’établir une sorte d’équilibre entre les diverses places, comme entre les plateaux d’une balance. Au lieu d’être une cause de trouble, d’inquiétude, de ruine, le « cosmopolitisme financier », dénoncé par la niaiserie des badauds, est plutôt, pour les divers marchés, par suite pour les divers pays, une cause de sécurité, de stabilité.

Et ce n’est là, faut-il le répéter, que le moindre avantage d’un marché universel de l’argent et des placemens internationaux. Pays riches et pays pauvres, exportateurs et importateurs de capitaux, gagnent, pareillement, à ce libre-échange financier. Les uns, en prêtant leurs capitaux, touchent au dehors une rémunération qu’ils ne pourraient obtenir au dedans ; les autres, en empruntant à l’étranger, reçoivent, de lui, des instrumens de transformation économique qui, sans ce concours, leur feraient longtemps défaut. Que les pays riches commanditent les pays relativement pauvres, que les vieilles nations soient créancières des jeunes sociétés, cela est dans l’ordre, et chacun y peut trouver un profit égal. Encore, une fois, à quoi bon insister sur une vérité aussi manifeste ? le tout est de ne point dépasser la mesure, d’opérer avec prudence, de ne pas avancer à un peuple des sommes qu’il ne puisse rembourser, ou de ne pas exiger de lui un taux d’intérêt qu’il ne puisse payer. C’est ici que doivent intervenir les banquiers, les établissemens de crédit, les financiers. Leur rôle, à cet égard, rôle malaisé assurément, est d’éclairer les capitalistes, grands et petits, de frayer au capital des voies nouvelles, de les explorer pour lui avant de l’y engager, de l’y suivre, de l’y accompagner pour l’empêcher de s’égarer, pour lui éviter les pièges et les fondrières, pour le défendre, au besoin, contre les bandits exotiques et les voleurs de grand chemin. Or, cette fonction délicate entre toutes, il faut bien dire que nos banquiers et nos