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d’anarchie : les Mongols avaient déjà évacué la Hongrie, le danger ne paraissait plus imminent ; le Pape se contenta de faire prêcher la croisade en Allemagne et de prescrire qu’on ajoutât, dans toute la chrétienté, aux prières liturgiques, l’invocation : a furore Tartarorum libera nos, Domine. C’étaient là, visiblement, des satisfactions données à l’opinion : elles contribuèrent à la rassurer, sans toutefois empêcher les Gibelins d’accuser le Pape de pactiser avec les Mongols contre l’Empereur. A la vérité, le Pape redoutait moins le Khan qui était à Pékin, ou même son vassal qui était à Sarar sur le Volga, que l’Empereur qui était à Naples et en Lombardie, sur la tête et sous les pieds de cette Rome pontificale dont il voulait refaire une Rome impériale ; certainement, par les Vénitiens, il était au courant de tout ce qui se passait alors en Asie et de la liberté religieuse que les Tatares y maintenaient, et, sans doute, il songeait à tous ces barbares que l’Eglise, jadis, avait apprivoisés, civilisés, et dont elle avait fait ses défenseurs. De fait, si les Mongols avaient achevé la conquête de l’Europe, il y aurait eu, en Occident, un empire turc latinisé et chrétien, comme il y avait, en Chine, un empire mongol chinoise et, en Perse, un empire iranisé et musulman. Pareils accidens n’étaient pas de nature à troubler un Innocent IV ; son génie politique ne s’y trompait pas : pour l’Eglise et pour la Chrétienté, au milieu du XIIIe siècle, le péril, ce n’était pas le Tatare, c’était ce Frédéric il qui vivait en païen, enlevait les cardinaux, appelait les Sarrasins, et rêvait de rétablir, sur les peuples asservis et sur l’Église domestiquée, la tyrannie des Césars romains. Comme jadis saint Léon était allé au-devant d’Attila, les papes du XIIIe siècle firent des avances aux Mongols. Ces hommes d’Eglise n’oubliaient pas la tradition : ils savaient par leurs Écritures que ces fléaux de Dieu sont parfois les instruirions du règne de Dieu ; ils connaissaient le& paroles qui domptent ces conquérans superbes et, sans plus s’alarmer, en politiques réalistes qu’ils ont toujours été, ils se préparaient à les baptiser. En août 1246, à Karakoroum, à l’élection de Gouyouk comme Khan, « à ce conclave laïque qui allait faire un Fils du Ciel, » avec les membres de la famille du Tchinghiz Khan, Meungke, Khoubilaï, Houlagou, qui tous devaient régner, avec tous les princes et les princesses douairières, avec Souboutaï, vainqueur du monde, le grand-duc de Russie Yaroslaw, les vice-rois de la Perse, du Turkeslau et de