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De l’enfant dont tu fis un poète inactif !
Je t’aime, ô Louisiane ! et mon âme s’inspire
Du monotone écho de ta voix qui soupire ;
Des longs gémissements du vent dans tes cyprès ;
Et de tes mille accents, pleins de charmes secrets !
Louisiane ! ton nom qui me rappelle Louise,
Qui toujours répété, sans cesse m’électrise ;
Ton nom harmonieux, qui te vient d’un saint Roi ;
Ton nom sera toujours le plus sacré pour moi !
Dans ton excès d’amour, noble mère créole,
Tu pris le pélican pour sublime symbole !
Louisiane ! ô patrie, ô vaste région,
Vers laquelle toujours l’imagination
Des poètes du Nord s’envole avec ivresse.,
Et que l’exilé même admire en sa tristesse :
Non, ce n’est pas en vain qu’après Chateaubriand,
De l’austère Bretagne homérique géant,
Longfellow t’a chantée, en sa langue divine,
Vers tes climats suivant les pas d’Evangéline ;
Et que ravis d’amour, les plus froids étrangers
S’enivrent des parfums de tes bois d’orangers !
Sous ton ciel ruisselant de féconde lumière,
Où, comme un champ de blé, l’ondoyante rizière
Au matin souriant montre ses épis d’or, —
Dans une douce paix, l’Européen s’endort ;
Il s’endort, oublieux des chocs de l’Ancien Monde,
Des révolutions dont le tonnerre gronde,
Des peuples ébranlant et le trône et l’autel,
Et rêvant de bâtir une tour de Babel !...
  Je te dois et te garde à jamais, ô patrie,
Un amour filial, un culte de latrie ;
Et tu seras toujours « après celle des cieux »,
La plus douce à mon cœur, la plus belle à mes yeux !
L’exil, l’exil m’a vu, sous le ciel d’Armorique,
Languir inconsolable ! — A l’enfant d’Amérique,
Au poète exilé des sauvages forêts,
En vain, Nantes, Paris, déployant leurs attraits,
Ont offert, dans l’exil, les plaisirs et la gloire !... —
O rochers d’Armorique, ô rives de la Loire,
Bretagne ! tu m’as vu, sur d’exotiques fleurs,
Inconsolable enfant, verser mes premiers pleurs ! —
Et là, de l’amitié fervente et virginale,
Crépuscule de l’âme, étoile matinale,
Qui se lève et qui luit d’un chaste et doux éclat,
Là, je connus du cœur cet ineffable état ;
Là, dans le sombre enclos d’un morne et froid collège,
Je vis briller cet astre et cette fleur de neige ;
Et fils de l’Occident, je rencontrai dans l’Est,
Pour épancher mon cœur, le cœur aimant d’Ernest ! —