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{{tiret2|Saint-|Siége}} de douloureuses représentations. Le pape déclarer la guerre à la catholique Autriche ! Rome tirer l’épée contre ses plus fidèles enfants ! Quel scandale ne serait-ce pas donner à la chrétienté ! N’était-ce pas vouloir provoquer un schisme ! Pour achever d’ébranler la conscience timorée de {{lié|Pie IX}}, on eut recours aux miracles ; on troubla, on inquiéta son âme par des interventions surnaturelles ; on la remplit d’épouvante.
{{tiret2|Saint-|Siége}} de douloureuses représentations. Le pape déclarer la
guerre à la catholique Autriche ! Rome tirer l’épée contre
ses plus fidèles enfants ! Quel scandale ne serait-ce pas donner
à la chrétienté ! N’était-ce pas vouloir provoquer un
schisme ! Pour achever d’ébranler la conscience timorée de
{{lié|Pie IX}}, on eut recours aux miracles ; on troubla, on inquiéta
son âme par des interventions surnaturelles ; on la remplit
d’épouvante.


Quand la population romaine redoublait pour lui d’enthousiasme, dans l’espoir qu’il allait se rendre en personne auprès près de Charles-Albert et bénir la croisade italienne, {{lié|Pie IX}}, circonvenu par les ambassadeurs de Russie et d’Autriche, prononçait le 29 avril une allocution, par laquelle il reniait tout ce qu’il y avait eu jusque-là de libéral dans ses actes, et déclarait que, s’il avait autorisé la levée de quelques troupes, ce n’était pas assurément pour venir en aide aux ennemis de l’Autriche, mais uniquement en vue de protéger ses propres États contre les agitations révolutionnaires.
Quand la population romaine redoublait pour lui d’enthousiasme,
dans l’espoir qu’il allait se rendre en personne auprès
près de Charles-Albert et bénir la croisade italienne, {{lié|Pie IX}},
circonvenu par les ambassadeurs de Russie et d’Autriche,
prononçait le 29 avril une allocution, par laquelle il reniait
tout ce qu’il y avait eu jusque-là de libéral dans ses actes,
et déclarait que, s’il avait autorisé la levée de quelques
troupes, ce n’était pas assurément pour venir en aide aux
ennemis de l’Autriche, mais uniquement en vue de protéger
ses propres États contre les agitations révolutionnaires.


La nouvelle de cette défection exaspère le peuple de Rome. À la voix d’un Transtéverin, Angelo Brunetti, devenu fameux sous le nom de ''Ciceruacchio'', il s’insurge et obtient pour la seconde fois du faible pontife, avec la rétractation de la nouvelle encyclique, la formation d’un ministère laïque sous la présidence du comte Mamiani et la convocation des Chambres.
La nouvelle de cette défection exaspère le peuple de
Rome. À la voix d’un Transtéverin, Angelo Brunetti,
devenu fameux sous le nom de ''Ciceruacchio'', il s’insurge
et obtient pour la seconde fois du faible pontife, avec la
rétractation de la nouvelle encyclique, la formation d’un
ministère laïque sous la présidence du comte Mamiani et
la convocation des Chambres.


Mais bientôt Mamiani, en butte à des difficultés sans nombre que lui suscitent les cardinaux, désespérant d’amener le pape à une politique sincère, très-affaibli aussi dans l’opinion par le ralentissement du mouvement révolutionnaire et l’inaction de l’armée piémontaise en Lombardie, se décourage et donne sa démission. Alors {{lié|Pie IX}}, après plusieurs essais de ministères insignifiants, appelle à la tête des affaires un ancien carbonaro converti à l’école doctrinaire récemment ambassadeur de Louis-Philippe à la cour de Rome, le comte Pellegrino Rossi, dont la politique déclarée en ce moment est d’unir les États italiens dans une
Mais bientôt Mamiani, en butte à des difficultés sans
nombre que lui suscitent les cardinaux, désespérant d’amener
le pape à une politique sincère, très-affaibli aussi dans
l’opinion par le ralentissement du mouvement révolutionnaire
et l’inaction de l’armée piémontaise en Lombardie, se
décourage et donne sa démission. Alors {{lié|Pie IX}}, après plusieurs
essais de ministères insignifiants, appelle à la tête des
affaires un ancien carbonaro converti à l’école doctrinaire
récemment ambassadeur de Louis-Philippe à la cour de
Rome, le comte Pellegrino Rossi, dont la politique déclarée
en ce moment est d’unir les États italiens dans une

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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

Siége de douloureuses représentations. Le pape déclarer la guerre à la catholique Autriche ! Rome tirer l’épée contre ses plus fidèles enfants ! Quel scandale ne serait-ce pas donner à la chrétienté ! N’était-ce pas vouloir provoquer un schisme ! Pour achever d’ébranler la conscience timorée de Pie IX, on eut recours aux miracles ; on troubla, on inquiéta son âme par des interventions surnaturelles ; on la remplit d’épouvante.

Quand la population romaine redoublait pour lui d’enthousiasme, dans l’espoir qu’il allait se rendre en personne auprès près de Charles-Albert et bénir la croisade italienne, Pie IX, circonvenu par les ambassadeurs de Russie et d’Autriche, prononçait le 29 avril une allocution, par laquelle il reniait tout ce qu’il y avait eu jusque-là de libéral dans ses actes, et déclarait que, s’il avait autorisé la levée de quelques troupes, ce n’était pas assurément pour venir en aide aux ennemis de l’Autriche, mais uniquement en vue de protéger ses propres États contre les agitations révolutionnaires.

La nouvelle de cette défection exaspère le peuple de Rome. À la voix d’un Transtéverin, Angelo Brunetti, devenu fameux sous le nom de Ciceruacchio, il s’insurge et obtient pour la seconde fois du faible pontife, avec la rétractation de la nouvelle encyclique, la formation d’un ministère laïque sous la présidence du comte Mamiani et la convocation des Chambres.

Mais bientôt Mamiani, en butte à des difficultés sans nombre que lui suscitent les cardinaux, désespérant d’amener le pape à une politique sincère, très-affaibli aussi dans l’opinion par le ralentissement du mouvement révolutionnaire et l’inaction de l’armée piémontaise en Lombardie, se décourage et donne sa démission. Alors Pie IX, après plusieurs essais de ministères insignifiants, appelle à la tête des affaires un ancien carbonaro converti à l’école doctrinaire récemment ambassadeur de Louis-Philippe à la cour de Rome, le comte Pellegrino Rossi, dont la politique déclarée en ce moment est d’unir les États italiens dans une