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les cruautés de l’amour

cette grâce des gestes, cette finesse de la peau, cette expression séduisante et fine du regard. Akoulina se sentait vaincue, sans doute, par la nouvelle venue, car elle avait pâli à son entrée et la dévisageait avec une attention jalouse. Clélia, pendant ce temps, regardait en souriant la mesquine décoration de l’église, les saints bruns, grossièrement peints sur fond d’or, la grille, dédorée et rouillée par places, de l’Iconostase.

Ivan et Catherine paraissaient tous fiers et heureux ; André Ivanovitch, au contraire, avait une expression de visage soucieuse et triste : les regards fixés à terre, il semblait réfléchir profondément et oubliait de prier. Il ne tourna pas une seule fois la tête du côté d’Akoulina.

À la sortie de l’église, la foule chuchotante et bourdonnante stationna sur la place, piétinant la neige, mais Clélia se déroba à la curiosité en montant avec Catherine, Macha et le petit Fedia dans une troïka[1] conduite par André, et qui partit au galop, tandis qu’Ivan et Fedor revenaient à pied tout en causant avec ceux qui s’empressaient autour d’eux.

La déception fut grande ; il y eut presque une petite émeute.

  1. Traîneau à quatre places.