« Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome VIII.djvu/177 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
mAucun résumé des modifications
mAucun résumé des modifications
 
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 14 : Ligne 14 :
beaucoup d’ostentation ? C’est plutôt parade qu’autre chose. Pourquoi ces exagérations de solitude et d’exil ? Ne rien outrer est la maxime du sage. Faites de l’opposition, soit ; blâmez si vous voulez, mais décemment, et tout en criant : vive le roi ! La vraie vertu, c’est d’être raisonnable. Ce qui tombe a dû tomber, ce qui réussit a dû réussir. La providence a ses motifs ; elle couronne qui le mérite. Avez-vous la prétention de vous y connaître mieux qu’elle ? Quand les circonstances ont prononcé, quand un régime a remplacé l’autre, quand la défalcation du vrai et du faux s’est faite par le succès, ici la catastrophe, là le triomphe, aucun doute n’est plus possible, l’honnête homme se rallie à ce qui a prévalu, et, quoique cela soit utile à sa fortune et à sa famille, sans se laisser influencer par cette considération, et ne songeant qu’à la chose publique, il prête main-forte au vainqueur.
beaucoup d’ostentation ? C’est plutôt parade qu’autre chose. Pourquoi ces exagérations de solitude et d’exil ? Ne rien outrer est la maxime du sage. Faites de l’opposition, soit ; blâmez si vous voulez, mais décemment, et tout en criant : vive le roi ! La vraie vertu, c’est d’être raisonnable. Ce qui tombe a dû tomber, ce qui réussit a dû réussir. La providence a ses motifs ; elle couronne qui le mérite. Avez-vous la prétention de vous y connaître mieux qu’elle ? Quand les circonstances ont prononcé, quand un régime a remplacé l’autre, quand la défalcation du vrai et du faux s’est faite par le succès, ici la catastrophe, là le triomphe, aucun doute n’est plus possible, l’honnête homme se rallie à ce qui a prévalu, et, quoique cela soit utile à sa fortune et à sa famille, sans se laisser influencer par cette considération, et ne songeant qu’à la chose publique, il prête main-forte au vainqueur.


Que deviendrait l’état si personne ne consentait à servir ? Tout s’arrêterait donc ? Garder sa place est d’un bon citoyen. Sachez sacrifier vos préférences secrètes. Les emplois veulent être tenus. Il faut bien que quelqu’un se dévoue. Être fidèle aux fonctions publiques est une fidélité. La retraite des fonctionnaires serait la paralysie de l’état. Vous vous bannissez, c’est pitoyable. Est-ce un exemple ? quelle vanité ! Est-ce un défi ? quelle audace! Quel personnage vous croyez-vous donc ? Apprenez que nous vous valons Nous ne désertons pas, nous. Si nous voulions, nous aussi, nous serions intraitables et indomptables, et nous ferions de pires choses que vous. Mais nous aimons mieux être des gens intelligents. Parce que je suis Trimalcion, vous ne me croyez pas capable d’être Caton ! Allons donc !
Que deviendrait l’état si personne ne consentait à servir ? Tout s’arrêterait donc ? Garder sa place est d’un bon citoyen. Sachez sacrifier vos préférences secrètes. Les emplois veulent être tenus. Il faut bien que quelqu’un se dévoue. Être fidèle aux fonctions publiques est une fidélité. La retraite des fonctionnaires serait la paralysie de l’état. Vous vous bannissez, c’est pitoyable. Est-ce un exemple ? quelle vanité ! Est-ce un défi ? quelle audace ! Quel personnage vous croyez-vous donc ? Apprenez que nous vous valons Nous ne désertons pas, nous. Si nous voulions, nous aussi, nous serions intraitables et indomptables, et nous ferions de pires choses que vous. Mais nous aimons mieux être des gens intelligents. Parce que je suis Trimalcion, vous ne me croyez pas capable d’être Caton ! Allons donc !

Dernière version du 29 mars 2019 à 16:55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
LORD CLANCHARLIE.

était, sourire était de l’indulgence. Quelques-uns riaient tout haut. D’autres s’indignaient.

On comprend que les hommes sérieux fussent choqués par une telle insolence d’isolement.

Circonstance atténuante : lord Clancharlie n’avait jamais eu d’esprit. Tout le monde en tombait d’accord.

II

Il est désagréable de voir les gens pratiquer l’obstination. On n’aime pas ces façons de Régulus, et dans l’opinion publique quelque ironie en résulte.

Ces opiniâtretés ressemblent à des reproches, et l’on a raison d’en rire.

Et puis, en somme, ces entêtements, ces escarpements, sont-ce des vertus ? N’y a-t-il pas dans ces affiches excessives d’abnégation et d’honneur beaucoup d’ostentation ? C’est plutôt parade qu’autre chose. Pourquoi ces exagérations de solitude et d’exil ? Ne rien outrer est la maxime du sage. Faites de l’opposition, soit ; blâmez si vous voulez, mais décemment, et tout en criant : vive le roi ! La vraie vertu, c’est d’être raisonnable. Ce qui tombe a dû tomber, ce qui réussit a dû réussir. La providence a ses motifs ; elle couronne qui le mérite. Avez-vous la prétention de vous y connaître mieux qu’elle ? Quand les circonstances ont prononcé, quand un régime a remplacé l’autre, quand la défalcation du vrai et du faux s’est faite par le succès, ici la catastrophe, là le triomphe, aucun doute n’est plus possible, l’honnête homme se rallie à ce qui a prévalu, et, quoique cela soit utile à sa fortune et à sa famille, sans se laisser influencer par cette considération, et ne songeant qu’à la chose publique, il prête main-forte au vainqueur.

Que deviendrait l’état si personne ne consentait à servir ? Tout s’arrêterait donc ? Garder sa place est d’un bon citoyen. Sachez sacrifier vos préférences secrètes. Les emplois veulent être tenus. Il faut bien que quelqu’un se dévoue. Être fidèle aux fonctions publiques est une fidélité. La retraite des fonctionnaires serait la paralysie de l’état. Vous vous bannissez, c’est pitoyable. Est-ce un exemple ? quelle vanité ! Est-ce un défi ? quelle audace ! Quel personnage vous croyez-vous donc ? Apprenez que nous vous valons Nous ne désertons pas, nous. Si nous voulions, nous aussi, nous serions intraitables et indomptables, et nous ferions de pires choses que vous. Mais nous aimons mieux être des gens intelligents. Parce que je suis Trimalcion, vous ne me croyez pas capable d’être Caton ! Allons donc !