« Page:Le Tour du monde - 03.djvu/72 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
→‎Page non corrigée : Page créée avec « palmes épargnées, il blesse le pauvre arbre d’une incision profonde. Il descend alors. Le tonneau de laqby est mis en perce. Une petite jarre à large goulot, pouvant... »
 
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
En-tête (noinclude) :En-tête (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Catégorie:Images à reprendre]]
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 2 : Ligne 2 :
blesse le pauvre arbre
blesse le pauvre arbre
d’une incision profonde.
d’une incision profonde.

[[Fichier:Le Tour du monde-03-p072a.jpg|thumb|center|300px|{{c|Intérieur d’une maison à Tripoli. — Dessin de Lancelot d’après une photographie.}}]]


Il descend alors. Le
Il descend alors. Le
Ligne 104 : Ligne 106 :
jour qui passe, et ne
jour qui passe, et ne
vous fiez pas au lendemain. »
vous fiez pas au lendemain. »

[[Fichier:Le Tour du monde-03-p072b-crop-grey.jpg|thumb|center|300px|{{c|Rue du Consulat, à Tripoli. — Dessin de Lancelot d’après une photographie.}}]]





Dernière version du 16 juin 2019 à 16:07

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

palmes épargnées, il blesse le pauvre arbre d’une incision profonde.

Intérieur d’une maison à Tripoli. — Dessin de Lancelot d’après une photographie.

Il descend alors. Le tonneau de laqby est mis en perce. Une petite jarre à large goulot, pouvant contenir trois litres, est hissée au moyen de la corde, et va s’appliquer sous l’incision : douze heures après, vous pouvez la descendre et la remplacer par une autre. Elle est pleine d’un liquide gris pâle, un peu trouble, assez semblable à de l’eau d’orge peu chargée ; c’est le laqby frais, séve presque fade tant elle est douce et sucrée, charmant et léger purgatif à prendre le matin. Quelques heures après, on entend un bruissement dans la vase ; le liquide s’éclaircit et semble bouillir ; d’innombrables bulles d’air viennent former à sa surface une mousse sans consistance, et si vous goûtez alors le breuvage pétillant, vous songerez comme moi sans regret aux meilleurs vins de Champagne que vous avez bus. Le laqby pris à ce point n’offre aucun inconvénient, il égaye sans enivrer, la fermentation l’a rendu rafraîchissant tout en lui faisant perdre ses propriétés laxatives. Mais laissez encore passer une demi-journée : cette aimable boisson devient blanche et épaisse comme du lait, prend une odeur pénétrante, un goût légèrement aigre, et enivre comme l’eau-de-vie. Le vin de Champagne s’est changé en une bière blanche d’une force alcoolique remarquable. C’est alors que les amateurs l’apprécient, puisque, avant tout, ce qu’ils cherchent c’est l’ivresse. Nunc est bibendum ; et tel bon musulman, telle musulmane rigide qui se voile la face devant un verre de vin boira sans scrupule et publiquement sa tasse de laqby qui n’est que de l’eau de palmier. Il faut vider la cruche, car demain on ne trouverait qu’un liquide nauséabond, encombré de petites mouches rougeâtres, un fluide visqueux qui file comme l’huile et n’est bon qu’à jeter. Le laqby est donc la plus éphémère des boissons ; on ne peut le boire qu’à l’ombre de l’arbre qui le produit. Tous les essais pour en régler ou en arrêter la fermentation ont été inutiles : il brise les bouteilles, et si le vase a résisté, le travail ne s’est pas moins accompli jusqu’au bout ; on ne trouve en l’ouvrant que cet affreux résidu qui soulève le cœur. C’est un prédicateur éloquent de la philosophie d’Horace : « Jouissez du jour qui passe, et ne vous fiez pas au lendemain. »

Rue du Consulat, à Tripoli. — Dessin de Lancelot d’après une photographie.


Un village nègre. — Une danse frénétique.

Et peut-être n’a-t-il pas complétement tort, le charmant poëte, car « le faible capital de la vie nous défend d’entamer les longues es-