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Œuvres posthumesMesseinPremier volume (p. 35-37).

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La mer est douce comme un cœur
Et je rentre dans la pairie…
La mer est forte comme un cœur…

Mon cœur est doux comme la mer,
Et je salue encor la France.
Mon cœur est fort comme la mer.

La mer est dure et mon cœur dur
Comme la vengeance et la haine.
La mer moins que mon cœur bat dur.

La mer est calme, et mon cœur donc ?
Tout est passé, trombe et bonace.
La mer est calme, et mon cœur, donc !

La mer est immobile, — et moi
Je suis impassible au possible.
La mer est immobile, et moi ?


Moi je suis la mer, et la mer
C’est moi, pire et meilleur encore,
Moi je suis pire que la mer

Et meilleur qu’elle, et bien meilleurs
Et bien pires mes ires et
Mes amours crachant morts et fleurs,

Fleurs et pleurs et mon cœur avec
Mon cœur qu’escortent des mouettes
Gaiement tristes, claquant du bec

Comme de froid et voletant,
En faibles et mignards caprices,
Comme sur du feu voletant,

Du feu qui sourdrait de ce cœur
Ému comme la mer, et calme
Mieux et pis qu’elle, pauvre cœur,

Pauvre cœur d’orage et de pleurs
Plus salés que toutes les vagues.
Pauvre cœur d’orage et de pleurs…

Salut France ! Et qui m’attend donc,
Puisqu’enfin voici la patrie ?
Le calme sans doute et tant donc !

On n’est pas toujours accueilli
Ainsi qu’on s’attendait à l’être.
Qui donc est toujours accueilli ?


Qui donc est toujours recueilli
Des absents qu’on n’attendait guère,
Qui donc a toujours accueilli ?

Ô mer douce comme mon cœur,
Ô mon cœur plus doux qu’elle encore,
Vous si durs aussi, mer et cœur,

Vous si calmes, ô cœur et mer,
Immobile mer, impassible
Cœur, — qu’attendre ici, cœur et mer,

Sinon plutôt du doux amer…