« Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 67.djvu/693 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
Zoé (discussion | contributions)
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée

Dernière version du 21 février 2020 à 17:45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

salles de spectacle ne désemplissaient pas. Une assemblée menait alors la France, et, combien d’hommes cette assemblée ?

Si donc l’on voulait écrire, telle qu’on la conçoit, cette histoire des peuples elle se ressemblerait étrangement à elle-même, sauf peut-être quelques différences qu’y mettraient les races ou les lieux, car pour celles qu’y ajouterait la diversité des temps, ce serait toujours quelque effet, plus ou moins éloigné, de la politique ou de la guerre. La principale différence qu’il y ait entre un Français du temps de la régence et un Français du temps de la révolution, c’est Louis XV qui l’y a mise, les guerres que l’on sait, et les conséquences qui les ont suivies. Après cela, quand on aura fait que la guerre ne soit pas le plus profond ébranlement qui puisse agiter les masses humaines, comme aussi quand on aura fait que la politique, qui la prépare, ou la diplomatie, qui la termine, ne soient pas les génératrices du droit des nations, alors, mais alors seulement, on pourra se désintéresser de l’histoire des traités et des batailles. Tant que l’on n’y aura pas réussi, — et on n’y réussira point tant que l’homme sera l’homme, — l’histoire des traités et des batailles sera la grande histoire, et elle tiendra le premier rang dans les préoccupations du véritable historien, parce qu’après tout elle le tiendra toujours dans la vie totale de l’humanité.

Tout ce que l’on peut dire, c’est que, comme aussi bien toute science et tout art, la grande histoire a malheureusement ses travailleurs qui l’encombrent plutôt qu’ils n’en déblaient les approches. Leur maladresse éclate à la fois dans le choix de leurs sujets et leur manière de les traiter. Mais puisque ce n’est pas d’eux aujourd’hui qu’il est question, passons charitablement leurs œuvres et leurs noms sous silence, en leur donnant seulement le conseil d’apprendre dans ce livre ce que c’est qu’un grand sujet. Après ou avant la révolution française (l’avenir seul nous le dira, ou sans doute à d’autres que nous), il n’en est pas de plus important dans l’histoire du XVIIIe siècle, non pas même la fondation de l’empire colonial de l’Angleterre ou le partage de la Pologne, qui n’en sont au surplus que les conséquences directes. L’apparition de la Prusse et de la Russie sur les champs de bataille de l’Europe, leur brusque intrusion parmi les vieilles monarchies, dans ce fameux système d’équilibre où il n’y a pas de place pour elles, les interversions de rapports et les diminutions de puissance qui en résultent, c’est le fait capital de ces cent ans d’histoire, et plus on y regarde, plus il semble que, reculant d’un demi-siècle le mot fameux de Goethe, on puisse dire : C’est de là que date une ère nouvelle pour l’histoire du monde. En effet, l’événement était, pour ainsi parler, à si longue portée, que jusqu’en 1870 nous n’en avions pas encore calculé les conséquences, et, commençant à les discerner en ce qui regarde l’Allemagne, il n’est personne qui puisse prévoir où elles s’arrêteront pour la Russie. C’est ce qui met dans le livre du duc de