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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

cependant que l’étude des classifications raisonnées pourrait tirer profit de nos recherches sur les conceptualisations instinctives. Nous espérons qu’elles feront apercevoir comment certaines anomalies curieuses, certaines maladresses taxinomiques, certains illogismes criants même, que l’on a pu relever avec étonnement dans les œuvres de maints grands savants, ne sont pas aussi répréhensibles qu’il le semble au premier regard[1]. Que les hommes célèbres qui s’en sont rendus coupables n’ont dans ce cas, comme dans bien d’autres, que suivi un penchant invincible qui porte l’intelligence humaine à faire, sur les « données » déjà élaborées par un essai de conceptualisation, toutes les hypothèses explicatives capables de la satisfaire. Cette conclusion que nous voulons dès maintenant signaler, et à laquelle tout notre travail semblera tendre, paraîtrait sans doute fort étrange à celui qui considérerait nos idées générales actuelles comme des édifices achevés, définitifs, stables pour l’éternité ; et sans doute sera-t-il possible, au nom du savoir positif, de condamner comme dépassant les bornes prescrites à la science, comme purement métaphysiques, quelques-unes des grandes hypothèses que la recherche de l’ordre naturel des choses suggère inévitablement[2]. La contemplation des embranchements, des genres, des espèces, des variétés que les naturalistes ont su découvrir chez les êtres organisés n’appelle-t-elle pas, irrésistiblement, la croyance, soit à un ordre harmonieux et immuable, hiérarchisé des animaux et des plantes, soit au contraire à la doctrine de l’évolution des formes vivantes.

  1. Par exemple les erreurs commises par Haeckel et relevées par Durand de Gros.
  2. C’était déjà l’objection que formulait Boerhaave contre la doctrine de l’évolution prodigieusement lente par rapport à la vie humaine du règne métallique.