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million d’hommes, et elle s’accroît rapidement : la douceur du climat, pareil à celui de la France entre Lyon et Avignon ; la fertilité de la terre vierge et profonde qui se couvre partout de la végétation des prairies de la Suisse ; l’abondance des rivières et des ruisseaux qui descendent des montagnes, circulent dans les vallées, et forment çà et là des lacs au milieu des bois ; des défrichements de forêts qui fourniront, comme en Amérique, de l’espace à la charrue, et des matériaux inépuisables aux constructions ; les mœurs douces et pures du peuple ; des lois protectrices, éclairées déjà d’un vif reflet de nos meilleures lois européennes ; les droits des citoyens, garantis par des représentations locales et par des assemblées délibératives ; enfin, le pouvoir suprême, concentré, dans une proportion suffisante, entre les mains d’un homme digne de sa mission, le prince Milosch, se transmettant à ses descendants : tous ces éléments de paix, de civilisation et de prospérité promettent de porter la population servienne à plusieurs millions d’hommes avant un demi-siècle. Si ce peuple, comme il le désire et l’espère, devient le noyau d’un nouvel empire slave par sa réunion avec la Bosnie, une partie de la Bulgarie et les hordes belliqueuses des Monténégrins, l’Europe verra un nouvel État surgir des ruines de la Turquie, et couvrir ces vastes et belles régions qui règnent entre le Danube, l’Adriatique et les hauts Balkans. Si les différences de mœurs et de nationalité résistent trop à cette fusion, on verra, du moins dans la Servie, un des éléments de cette fédération d’États libres sous des protectorats européens.