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Mais elle était encore trop jeune pour y pouvoir rester longtemps. Elle réapparut, une nuit, chez Annette, hâve, efflanquée, grelottante, comme égarée, venant chercher un refuge contre ses pensées. Annette lui installa un lit de camp près de son lit. Ce ne fut pas encore assez. La nuit, les doigts de Assia vinrent se crisper autour de ses doigts. Elles ne parlèrent point. Elles se tenaient, comme ceux qui cheminent dans les montagnes, au bord du gouffre, liés par une corde. Le matin venu, Assia retourna dans son hôtel. Mais elle reparut, plus d’une fois, la nuit tombée. Puis, elle se décida à rentrer dans l’appartement du mort. Mais elle revenait, le soir, prendre le repas avec Annette ; et les soirs où son esprit était trop ébranlé, elle passait la nuit sur le divan. — Enfin, elle se réinstalla tout à fait. Il avait été convenu que l’enfant resterait, provisoirement, chez la grand’mère, où Assia le revoyait chaque jour. Le provisoire devint définitif, sans qu’on eût jamais rien dit, à cet égard. Les bonnes raisons ne manquaient point : le bien que la présence du petit faisait à Annette ; et, de toute évidence, le petit était mieux chez la grand’mère que chez la mère. Assia s’accusait volontiers d’inaptitude à l’éducation ; et Annette, après avoir discrètement tenté, pour le bien de Assia, de l’attacher plus étroitement à l’enfant, n’insista pas : son propre égoïsme cherchait à le garder.

Mais à quoi se passaient les journées de Assia ? Elle était trop active pour pouvoir indéfiniment mâcher et remâcher ses souvenirs. Après avoir commencé de les ranger — toutes ces reliques, tous ces papiers, dans son appartement, — elle n’avait plus eu goût à continuer ; elle avait tout laissé, à moitié, — ordre et désordre — le pire désordre, il n’y a plus moyen d’y rien retrouver !… Elle avait beau faire : le présent