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brûlant dans un creuset. La même pensée qui, dans les veines de Gautama, est le sourire du Nirvana, — dans celles d’une fille d’Europe est le sourire éginétique d’Athéna dans le combat. Lorsque le comte Bruno Chiarenza redit le mot des sages des neiges du Thibet :

— « Faire, n’est rien. Défaire, est tout… » (défaire l’écran, défaire le moi qui s’interpose entre l’esprit et le soleil),…
Annette l’entend (et il n’est pas sûr que Bruno ne l’entende aussi) comme un appel à la Révolution. Défaire le réseau serré des illusions et des préjugés, le filet étouffant du vieux monde. Briser les liens du Prisonnier de Michel-Ange. Faire sauter sous la poussée de la vie nouvelle, les écluses de la vie morte, du passé… Quand elle se reconnaît dans cette rivière, aux moires enchevêtrées, où son Saint-Bruno de l’Himalaya lui montre l’image du moi aux myriades d’individualités, — quand elle y voit, parmi les autres, passer sa moire, et toute la ronde qui s’achemine, en tournoyant, vers l’Océan, ainsi que le cortège de Bacchus indien, — il n’y a point de risque que cette sagesse, ce délire sacré de l’Asie, qui réveille dans l’âme d’Europe de profonds échos (car elles sont filles de la même mère), lui fasse perdre sa dévorante activité. Elle ne se perd dans cette masse en mouvement que pour s’y retrouver multipliée. Dans cette farandole de l’esprit-Gange, qui s’achemine à gros bouillons vers l’Océan, ce n’est point l’Océan qui l’attire, c’est le fleuve. Elle l’épouse. Elle entend battre dans ses artères le pas de la Grande Armée.