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sabine

chastement croisés contre sa poitrine, livrait subitement les secrets de ses insomnies ; cette vierge possédait la tactique ambitieuse d’une viveuse de trente ans. Elle jetait en une seule phrase l’étincelle qui mettait le feu à sa couche froidement pudique. Soudain, redressant sa taille frêle et se carrant sur les genoux du peintre, elle reprit :

— Vous m’avez élevée comme vous avez pu, et c’est une justice à vous rendre, que cela n’était guère facile. Je ne suis pas comme tout le monde, et c’est encore à vous que je dois ce beau privilège ; tout le monde ne m’amuse pas et… Ah çà, vous m’écoutez, au moins ?

— Je ne fais que ça.

— Je poursuis. On vous prêtait un caractère de despote, et j’ai de fortes raisons de croire que nous avons troqué nos deux caractères ; que le moins despote des deux n’a pas été moi. Athée, musicienne, peintre, et je ne sais quoi encore de moins ou de pis, votre petite Sabine, je le crains, est faite pour abuser, sinon pour tromper beaucoup de gens… Vous m’écoutez toujours ?

— De plus en plus.

— Survient l’heure nervoso-bilioso, où il s’agit de me laisser commencer un doigt de cour par M. Raimbaut, qui doit vous remplacer, m’assure-t-on, dans l’exécution de certains de mes caprices, qu’on me reproche de vous imposer, comme si ces caprices, dont les esprits sérieux ne s’accommodent pas… Ah çà, m’écoutez-vous, oui ou non ?