« Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/81 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
 
Aucun résumé des modifications
En-tête (noinclude) :En-tête (noinclude) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{nr||{{sc|sabine}}|75|t=<hr/>|b=<hr/>}}

Version du 13 juillet 2020 à 21:01

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

75
sabine


IV


Mais, une minute après, il reprenait l’esquisse.

— Et quand je songe que c’est ma fille, balbutiait-il en entre-choquant ses mots. Est-ce possible d’endurer ce que j’endure ? Je suis un misérable ! Qui m’eût prédit que j’en arriverais là ?

Il suffoquait, les joues brûlantes, la nuque et le cou mouillés d’une petite moiteur, pendant que ses bras tremblaient. Un râle stridait à travers ses dents serrées, un râle de fauve verrouillé dans une cage.

— M’y voici donc à mon tour ! reprenait-il en se tordant les mains. Ou le caractère acharné du sentiment qui se dresse contre moi me fera trébucher dans je ne sais quel bourbier, et je lui ferai horreur : ou elle le regardera face à face, sans que le duvet de sa joue s’en hérisse, cette enfant qui se croit la fille d’un autre père !… Et je ne serai qu’un criminel, un infâme ou un fou ! Tantôt il me semble que les écumes de ma pensée jaillissent de mes yeux, vont accomplir leur travail dans Sabine, et qu’elle est déjà ma complice ; tantôt je la repousse comme je repoussais sa mère. C’est le son de sa voix qui me rend incestueux… Je dois cesser de l’entendre… Non,