« Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Couat.djvu/221 » : différence entre les versions

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C’est peu de chose que le temps qui te reste à vivre. Vis comme si tu étais sur une montagne. Il importe peu, en effet, que l’on vive ici ou là, pourvu que l’on soit partout dans le monde comme dans une cité. Que les hommes voient et reconnaissent en toi un homme véritable, vivant conformément à la nature. S’ils ne peuvent le supporter, qu’ils te tuent. Cela vaut mieux que de vivre comme eux.
C’est peu de chose que le temps qui te reste à vivre. Vis comme si tu étais sur une montagne<ref>[Cf. ''supra'' VIII, 45 ; ''infra'' X, 23.]</ref>. Il importe peu, en effet, que l’on vive ici ou là, pourvu que l’on soit partout dans le monde<ref>[{{lang|grc|ἐάν τις πανταχοῦ ὡς ἐν πόλει τῷ κόσμῳ}}. N’est-il pas nécessaire d’écrire un second {{lang|grc|ἐν}} devant {{lang|grc|τῷ κόσμῳ}} ?]</ref> comme dans une cité. Que les hommes voient et reconnaissent en toi un homme véritable, vivant conformément à la nature. S’ils ne peuvent le supporter, qu’ils te tuent. Cela vaut mieux que de vivre comme eux.


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Ne discute pas sur ce que doit être un honnête homme ; sois-le.
Ne discute<ref>[Le mot {{lang|grc|ὅλως}} du texte grec est rendu par le tour plus net et l’accent plus impérieux de la phrase française. Traduction littérale : « Il ne s’agit ''pas du tout'' de discuter…, mais de l’être. »]</ref> pas sur ce que doit être un honnête homme ; sois-le.


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Figure-toi sans cesse la durée totale et la matière totale ; chaque partie n’est, par rapport à la matière, qu’un grain de figue et, par rapport au temps, qu’un tour de vrille.
Figure-toi sans cesse la durée totale et la matière totale<ref>[Couat : « la durée éternelle et la matière infinie. » — Mais, pour les Stoïciens, le monde est fini. Le contresens, qu’eût évité une traduction littérale, vient de Pierron.]</ref> ; chaque partie n’est, par rapport à la matière<ref>[Couat : « substance. »]</ref>, qu’un grain de figue<ref>[Cf. ''supra'' X, 8, note finale.]</ref> et, par rapport au temps, qu’un tour de vrille.


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En examinant avec soin chaque objet, dis-toi qu’il est en train de se dissoudre, de se transformer, de se décomposer [en quelque sorte] et de se disperser ; enfin, songe que chaque chose meurt, [si je puis ainsi dire,] par le fait qu’elle est née.
En examinant avec soin chaque objet, dis-toi qu’il est en train de se dissoudre, de se transformer, de se décomposer [en quelque sorte] et de se disperser ; enfin, songe que chaque chose meurt, [si je puis ainsi dire,] par le fait qu’elle est née.


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Vois ce qu’ils sont, d’une part, quand ils mangent, dorment, s’accouplent, vont à la selle, etc. ; puis, au contraire, quand ils font les hommes, se pavanent, s’irritent, blâment sans mesure. Il n’y a qu’un moment, de combien de besoins ils
Vois ce qu’ils sont, d’une part, quand ils mangent, dorment, s’accouplent, vont à la selle, etc. ; puis, au contraire, quand ils font les hommes<ref>[Le participe {{lang|grc|ἀνδρονομοῦμενοι}} que présentent ici les manuscrits ne se retrouve pas ailleurs. L’étymologie ne permet guère, à vrai dire, d’en tirer le sens qu’exige le contexte, et M. Rendall (''{{lang|en|Journal of Philology}}'', XXIII, p.&nbsp;154) a peut-être raison d’appeler ce mot ''{{lang|la|vox nihili}}''. En tout cas, la correction qu’il propose, {{lang|grc|ἀνδρογυνούμενοι}},</ref>, se pavanent, s’irritent, blâment sans mesure. Il n’y a qu’un moment, de combien de besoins ils<section end="texte"/>
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2. [{{lang|grc|ἐάν τις πανταχοῦ ὡς ἐν πόλει τῷ κόσμῳ}}. N’est-il pas nécessaire d’écrire un second {{lang|grc|ἐν}} devant {{lang|grc|τῷ κόσμῳ}} ?]

3. [Le mot {{lang|grc|ὅλως}} du texte grec est rendu par le tour plus net et l’accent plus impérieux de la phrase française. Traduction littérale : « Il ne s’agit ''pas du tout'' de discuter…, mais de l’être. »]

4. [Couat : « la durée éternelle et la matière infinie. » — Mais, pour les Stoïciens, le monde est fini. Le contresens, qu’eût évité une traduction littérale, vient de Pierron.]

5. [Couat : « substance. »]

6. [Cf. ''supra'' X, 8, note finale.]

7. [Le participe {{lang|grc|ἀνδρονομοῦμενοι}} que présentent ici les manuscrits ne se retrouve pas ailleurs. L’étymologie ne permet guère, à vrai dire, d’en tirer le sens qu’exige le contexte, et M. Rendall (''{{lang|en|Journal of Philology}}'', XXIII, p.&nbsp;154) a peut-être raison d’appeler ce mot ''{{lang|la|vox nihili}}''. En tout cas, la correction qu’il propose, {{lang|grc|ἀνδρογυνούμενοι}},}}<section end="notes"/>

Version du 15 septembre 2020 à 06:50

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217

15

C’est peu de chose que le temps qui te reste à vivre. Vis comme si tu étais sur une montagne[1]. Il importe peu, en effet, que l’on vive ici ou là, pourvu que l’on soit partout dans le monde[2] comme dans une cité. Que les hommes voient et reconnaissent en toi un homme véritable, vivant conformément à la nature. S’ils ne peuvent le supporter, qu’ils te tuent. Cela vaut mieux que de vivre comme eux.

16

Ne discute[3] pas sur ce que doit être un honnête homme ; sois-le.

17

Figure-toi sans cesse la durée totale et la matière totale[4] ; chaque partie n’est, par rapport à la matière[5], qu’un grain de figue[6] et, par rapport au temps, qu’un tour de vrille.

18

En examinant avec soin chaque objet, dis-toi qu’il est en train de se dissoudre, de se transformer, de se décomposer [en quelque sorte] et de se disperser ; enfin, songe que chaque chose meurt, [si je puis ainsi dire,] par le fait qu’elle est née.

19

Vois ce qu’ils sont, d’une part, quand ils mangent, dorment, s’accouplent, vont à la selle, etc. ; puis, au contraire, quand ils font les hommes[7], se pavanent, s’irritent, blâment sans mesure. Il n’y a qu’un moment, de combien de besoins ils

  1. [Cf. supra VIII, 45 ; infra X, 23.]
  2. [ἐάν τις πανταχοῦ ὡς ἐν πόλει τῷ κόσμῳ. N’est-il pas nécessaire d’écrire un second ἐν devant τῷ κόσμῳ ?]
  3. [Le mot ὅλως du texte grec est rendu par le tour plus net et l’accent plus impérieux de la phrase française. Traduction littérale : « Il ne s’agit pas du tout de discuter…, mais de l’être. »]
  4. [Couat : « la durée éternelle et la matière infinie. » — Mais, pour les Stoïciens, le monde est fini. Le contresens, qu’eût évité une traduction littérale, vient de Pierron.]
  5. [Couat : « substance. »]
  6. [Cf. supra X, 8, note finale.]
  7. [Le participe ἀνδρονομοῦμενοι que présentent ici les manuscrits ne se retrouve pas ailleurs. L’étymologie ne permet guère, à vrai dire, d’en tirer le sens qu’exige le contexte, et M. Rendall (Journal of Philology, XXIII, p. 154) a peut-être raison d’appeler ce mot vox nihili. En tout cas, la correction qu’il propose, ἀνδρογυνούμενοι,