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… Peu lui importaient ses origines en ce moment que, dans la marnière, il reposait en paix. C’était par un août orageux, par une mûre fin d’après-midi dont le ciel d’un bleu de prune sombre, gonflé çà et là, se préparait à crever sur la plaine.
… Peu lui importaient ses origines en ce moment que, dans la marnière, il reposait en paix. C’était par un août orageux, par une mûre fin d’après-midi dont le ciel d’un bleu de prune sombre, gonflé çà et là, se préparait à crever sur la plaine.
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Bientôt l’averse commença de retentir sur la ronceraie. Le tambourinement des longues baguettes d’eau s’accéléra. Mais Lièvre n’eut point peur, car la pluie obéissait à un rythme qu’il connaissait. D’ailleurs, elle ne l’atteignait point, impuissante encore à pénétrer l’épaisseur de la voûte végétale. Seule une goutte frappait le fond de la marnière, claquante et renouvelée au même point.
Bientôt l’averse commença de retentir sur la ronceraie. Le tambourinement des longues baguettes d’eau s’accéléra. Mais Lièvre n’eut point peur, car la pluie obéissait à un rythme qu’il connaissait. D’ailleurs, elle ne l’atteignait point, impuissante encore à pénétrer l’épaisseur de la voûte végétale. Seule une goutte frappait le fond de la marnière, claquante et renouvelée au même point.
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Ainsi le Patte-usée n’avait point le cœur troublé par ce concert. Il connaissait l’harmonie qui enchaîne comme des strophes les larmes de l’ondée, sachant que ni le chien, ni l’homme, ni le renard, ni l’épervier n’y prenaient part. Le ciel était comme une harpe où se tendaient les fils d’argent de
Ainsi le Patte-usée n’avait point le cœur troublé par ce concert. Il connaissait l’harmonie qui enchaîne comme des strophes les larmes de l’ondée, sachant que ni le chien, ni l’homme, ni le renard, ni l’épervier n’y prenaient part. Le ciel était comme une harpe où se tendaient les fils d’argent de l’averse, de haut en bas. Et, en bas, chaque chose la faisait résonner d’une façon particulière et, tour à tour, reprenait son propre thème. Aux doigts verts des feuilles les cordes de cristal sonnaient,
l’averse, de haut en bas. Et, en bas, chaque chose la faisait résonner d’une façon particulière et, tour à tour, reprenait son propre thème. Aux doigts
verts des feuilles les cordes de cristal sonnaient,

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LE ROMAN DU LIÈVRE

… Peu lui importaient ses origines en ce moment que, dans la marnière, il reposait en paix. C’était par un août orageux, par une mûre fin d’après-midi dont le ciel d’un bleu de prune sombre, gonflé çà et là, se préparait à crever sur la plaine.

Bientôt l’averse commença de retentir sur la ronceraie. Le tambourinement des longues baguettes d’eau s’accéléra. Mais Lièvre n’eut point peur, car la pluie obéissait à un rythme qu’il connaissait. D’ailleurs, elle ne l’atteignait point, impuissante encore à pénétrer l’épaisseur de la voûte végétale. Seule une goutte frappait le fond de la marnière, claquante et renouvelée au même point.

Ainsi le Patte-usée n’avait point le cœur troublé par ce concert. Il connaissait l’harmonie qui enchaîne comme des strophes les larmes de l’ondée, sachant que ni le chien, ni l’homme, ni le renard, ni l’épervier n’y prenaient part. Le ciel était comme une harpe où se tendaient les fils d’argent de l’averse, de haut en bas. Et, en bas, chaque chose la faisait résonner d’une façon particulière et, tour à tour, reprenait son propre thème. Aux doigts verts des feuilles les cordes de cristal sonnaient,