« Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 1.djvu/154 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
Galdrad (discussion | contributions)
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page corrigée
+
Page validée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 15 : Ligne 15 :
texte habituel est la mort des pères, et qui n’a pas cessé
texte habituel est la mort des pères, et qui n’a pas cessé
de crier, depuis le premier cadavre jusqu’à celui qui est
de crier, depuis le premier cadavre jusqu’à celui qui est
mort aujourd’hui : ''Cela doit élre ainsi''. Nous vous en
mort aujourd’hui : ''Cela doit être ainsi''. Nous vous en
prions, jetez bas cette infructueuse douleur, et considérez-nous
prions, jetez bas cette infructueuse douleur, et considérez-nous
comme un père ; car il faut que le monde le
comme un père ; car il faut que le monde le

Version du 17 novembre 2020 à 08:53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
HAMLET.

perdit un père ; ce père qu’il perdit avait perdu le sien ; et le survivant est tenu, par obligation filiale, à faire au mort, pendant quelque temps, hommage de sa douleur. Mais persévérer dans une affliction obstinée, c’est un acte d’opiniâtreté impie ; c’est un chagrin qui n’est point d’un homme. Cela fait voir une volonté très-indisciplinée envers le ciel, un cœur désarmé ou un esprit rebelle, une intelligence trop simple et sans étude : car ce qui doit être, à notre connaissance, de toute nécessité, ce qui est aussi habituel que la plus vulgaire des choses qui tombent sous les sens, pourquoi, dans notre révolte puérile, prendrions-nous cela tant à cœur ? Fi ! c’est un péché contre le ciel, un péché contre les morts, un péché contre la nature, une absurdité contre la raison, dont le texte habituel est la mort des pères, et qui n’a pas cessé de crier, depuis le premier cadavre jusqu’à celui qui est mort aujourd’hui : Cela doit être ainsi. Nous vous en prions, jetez bas cette infructueuse douleur, et considérez-nous comme un père ; car il faut que le monde le sache, vous êtes le plus proche de notre trône, et cette même excellence d’amour que le père le plus tendre porte à son fils, nous-même nous vous l’offrons. Quant à votre dessein de retourner aux écoles de Wittenberg, il est des plus contraires à nos désirs. Nous vous en supplions, soumettez-vous à rester ici pour la consolation et la joie de nos yeux, vous, le premier de notre cour, notre cousin et notre fils.

la reine.—Que les prières de ta mère ne soient pas perdues ; Hamlet, je t’en prie, demeure avec nous, ne va pas à Wittenberg.

hamlet.—Je vous obéirai de mon mieux en tout, madame.

le roi.—Bien, voilà une tendre et bonne réponse. Soyez en Danemark comme nous-mêmes.—Venez, madame ; cette douce et volontaire concession de Hamlet entre en souriant dans mon cœur ; en actions de grâces, je veux que le roi de Danemark ne boive pas aujourd’hui une joyeuse santé, sans que le grand canon le dise aux nuages, et le ciel répondra à chaque rasade du roi,