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Où la nature a-t-elle pris plus de souci du bonheur et de l’habitation de l’homme que dans cette vallée du Rhin qui s’étend depuis Bâle jusqu’à Manheim ? Descendez un jour des hauteurs de Schwarzwald, quittez la triste et chétive Freudenstadt, qui, pour se railler elle-même, s’appelle ville de la joie ; avancez toujours sur la pente des monts, et vous découvrirez à vos pieds le plus riant vallon qui puisse porter l’allégresse au cœur. Descendez encore de ruine en ruine, de village en village, vous vous trouverez enfermés dans un dédale de moissons, de rochers, de vignes et de torrens.
Où la nature a-t-elle pris plus de souci du bonheur et de l’habitation de l’homme que dans cette vallée du Rhin qui s’étend depuis Bâle jusqu’à Manheim ? Descendez un jour des hauteurs de Schwarzwald, quittez la triste et chétive Freudenstadt, qui, pour se railler elle-même, s’appelle ville de la joie ; avancez toujours sur la pente des monts, et vous découvrirez à vos pieds le plus riant vallon qui puisse porter l’allégresse au cœur. Descendez encore de ruine en ruine, de village en village, vous vous trouverez enfermés dans un dédale de moissons, de rochers, de vignes et de torrens.


Une fois à Baden, quittez l’accoutrement du voyageur pédestre, la guêtre, la casquette et le bâton ; bien qu’aux pieds de la forêt Noire, vous êtes comme dans ''Portland-Place'', ou ''Kohlmarck'', dans la rue de la Paix. Les bains ne ressemblent-ils pas à ces salons d’où l’on est heureux de s’enfuir après y avoir paru ? espèce d’infirmerie et de bazar où la santé se répare et se perd tristement, où le plaisir semble prendre à tâche de se discréditer par sa facilité, par les fastidieuses avances dont il vous assiége à toute heure.
Une fois à Baden, quittez l’accoutrement du voyageur pédestre, la guêtre, la casquette et le bâton ; bien qu’aux pieds de la forêt Noire, vous êtes comme dans ''Portland-Place'', ou ''Kohlmarck'', ou dans la rue de la Paix. Les bains ne ressemblent-ils pas à ces salons d’où l’on est heureux de s’enfuir après y avoir paru ? espèce d’infirmerie et de bazar où la santé se répare et se perd tristement, où le plaisir semble prendre à tâche de se discréditer par sa facilité, par les fastidieuses avances dont il vous assiége à toute heure.


Carlsruhe et ses vingt-quatre rues qui dérivent toutes du château ducal, présentent une physionomie si monotone, qu’il ne serait guère possible d’y rester plus de deux heures sans les graves intérêts qui s’y agitent d’intervalle en intervalle. Depuis 1818, l’Europe a accordé son estime à la tribune parlementaire de Carlsruhe. Le caractère germanique s’y est essayé noblement à l’opposition constitutionnelle et à la pratique de la liberté : il a montré de la persévérance, du tact, de l’adresse et de la dignité les difficultés sont grandes ; les hommes politiques de Baden vivent sous l’œil soupçonneux et menaçant de l’Autriche et de la Prusse ; jusqu’ici presque tous les écueils ont été tournés ; M. de Rotteck, par l’éclat de son éloquence jet de son style, M. Mittermaier, par les tempéramens de sa modération, ont également servi la liberté.
Carlsruhe et ses vingt-quatre rues qui dérivent toutes du château ducal, présentent une physionomie si monotone, qu’il ne serait guère possible d’y rester plus de deux heures sans les graves intérêts qui s’y agitent d’intervalle en intervalle. Depuis 1818, l’Europe a accordé son estime à la tribune parlementaire de Carlsruhe. Le caractère germanique s’y est essayé noblement à l’opposition constitutionnelle et à la pratique de la liberté : il a montré de la persévérance, du tact, de l’adresse et de la dignité : les difficultés sont grandes ; les hommes politiques de Baden vivent sous l’œil soupçonneux et menaçant de l’Autriche et de la Prusse ; jusqu’ici presque tous les écueils ont été tournés ; {{M.|de}} Rotteck, par l’éclat de son éloquence et de son style, {{M.|Mittermaier}}, par les tempéramens de sa modération, ont également servi la liberté.

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AU-DELÀ DU RHIN.

l’inventeur de l’imprimerie ; mais il est certain qu’elle n’a guère produit elle-même de chefs-d’œuvre et d’auteurs dignes de cette invention ; à Mayence on lit peu, on se remue pour le commerce et la navigation ; il y règne une sorte d’agitation sourde ; on semble toujours y attendre les Français.

Où la nature a-t-elle pris plus de souci du bonheur et de l’habitation de l’homme que dans cette vallée du Rhin qui s’étend depuis Bâle jusqu’à Manheim ? Descendez un jour des hauteurs de Schwarzwald, quittez la triste et chétive Freudenstadt, qui, pour se railler elle-même, s’appelle ville de la joie ; avancez toujours sur la pente des monts, et vous découvrirez à vos pieds le plus riant vallon qui puisse porter l’allégresse au cœur. Descendez encore de ruine en ruine, de village en village, vous vous trouverez enfermés dans un dédale de moissons, de rochers, de vignes et de torrens.

Une fois à Baden, quittez l’accoutrement du voyageur pédestre, la guêtre, la casquette et le bâton ; bien qu’aux pieds de la forêt Noire, vous êtes comme dans Portland-Place, ou Kohlmarck, ou dans la rue de la Paix. Les bains ne ressemblent-ils pas à ces salons d’où l’on est heureux de s’enfuir après y avoir paru ? espèce d’infirmerie et de bazar où la santé se répare et se perd tristement, où le plaisir semble prendre à tâche de se discréditer par sa facilité, par les fastidieuses avances dont il vous assiége à toute heure.

Carlsruhe et ses vingt-quatre rues qui dérivent toutes du château ducal, présentent une physionomie si monotone, qu’il ne serait guère possible d’y rester plus de deux heures sans les graves intérêts qui s’y agitent d’intervalle en intervalle. Depuis 1818, l’Europe a accordé son estime à la tribune parlementaire de Carlsruhe. Le caractère germanique s’y est essayé noblement à l’opposition constitutionnelle et à la pratique de la liberté : il a montré de la persévérance, du tact, de l’adresse et de la dignité : les difficultés sont grandes ; les hommes politiques de Baden vivent sous l’œil soupçonneux et menaçant de l’Autriche et de la Prusse ; jusqu’ici presque tous les écueils ont été tournés ; M. de Rotteck, par l’éclat de son éloquence et de son style, M. Mittermaier, par les tempéramens de sa modération, ont également servi la liberté.