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Comment la science ne sortirait-elle pas de cette terre comme une plante précieuse et nécessaire ? Heidelberg la cultive. Oh ! si vous êtes jeune, si les idées et le sang circulent dans vos veines et dans votre tête par des ardeurs accélérées ; si vous aimez la science avec la fureur qui précipite dans les bras d’une maîtresse, et la nature avec l’impétuosité qui vous fait chercher le sein d’un ami ; si encore vous désirez lier commerce avec le génie germanique, sans trop vous éloigner de la douce patrie, afin que, de temps à autre, il vous en revienne à l’oreille et à l’ame des sons affaiblis et purs ; oh ! courez dans la vallée du Necker vous y enfermer et y vivre ; la pensée y sera toujours fraîche comme le torrent qui jette à vos pieds son écume ; la science y prendra la saveur et la fermeté d’une nourriture vivante bénie par le soleil ; studieux et inspiré, vous contracterez de l’érudition et vous doublerez la vie. L’histoire semble planer sur vos têtes, sous l’image d’une magnifique ruine ; de nobles vieillards passent auprès de vous, que vous pouvez interroger sur les temps et l’antiquité des choses, le philologue Creuzer, le jurisconsulte Zachariae, le théologien Paulus ; de plus jeunes serviteurs de la science ravivent de temps à autre les traditions de ces vénérables maîtres ; là rien des connaissances humaines ne saurait vous échapper, et vous y puisez, pour les épreuves futures de la vie, pour les jours moins rayonnans et plus sévères, des souvenirs, des émotions et des espérances qui ne sauraient mourir.
Comment la science ne sortirait-elle pas de cette terre comme une plante précieuse et nécessaire ? Heidelberg la cultive. Oh ! si vous êtes jeune, si les idées et le sang circulent dans vos veines et dans votre tête par des ardeurs accélérées ; si vous aimez la science avec la fureur qui précipite dans les bras d’une maîtresse, et la nature avec l’impétuosité qui vous fait chercher le sein d’un ami ; si encore vous désirez lier commerce avec le génie germanique, sans trop vous éloigner de la douce patrie, afin que, de temps à autre, il vous en revienne à l’oreille et à l’ame des sons affaiblis et purs ; oh ! courez dans la vallée du Necker vous y enfermer et y vivre ; la pensée y sera toujours fraîche comme le torrent qui jette à vos pieds son écume ; la science y prendra la saveur et la fermeté d’une nourriture vivante bénie par le soleil ; studieux et inspiré, vous contracterez de l’érudition et vous doublerez la vie. L’histoire semble planer sur vos têtes, sous l’image d’une magnifique ruine ; de nobles vieillards passent auprès de vous, que vous pouvez interroger sur les temps et l’antiquité des choses, le philologue Creuzer, le jurisconsulte Zachariæ, le théologien Paulus ; de plus jeunes serviteurs de la science ravivent de temps à autre les traditions de ces vénérables maîtres ; là rien des connaissances humaines ne saurait vous échapper, et vous y puisez, pour les épreuves futures de la vie, pour les jours moins rayonnans et plus sévères, des souvenirs, des émotions et des espérances qui ne sauraient mourir.


Une civilisation intelligente anime le pays de Bade. Freybourg, qui met sa petite cathédrale à côté de celle de Cologne et de Strasbourg comme un gracieux échantillon, met aussi son université à côté de celle de Heidelberg. Manheim et Constance ont des lycées, des gymnases, et les écoles abondent dans l’étendue du duché. Cette terre est heureuse ; elle a les prospérités du présent et dans le passé des réminiscences glorieuses, car enfin elle a été le champ, de bataille des Romains et des Allemands, de Turenne et de Montecuculli, de Moreau et de l’archiduc Charles ; elle a donc le droit d’être féconde, puisque toujours l’épée, la charrue et la pensée, la remuèrent.
Une civilisation intelligente anime le pays de Bade. Freybourg, qui met sa petite cathédrale à côté de celle de Cologne et de Strasbourg comme un gracieux échantillon, met aussi son université à côté de celle de Heidelberg. Manheim et Constance ont des lycées, des gymnases, et les écoles abondent dans l’étendue du duché. Cette terre est heureuse ; elle a les prospérités du présent et dans le passé des réminiscences glorieuses, car enfin elle a été le champ de bataille des Romains et des Allemands, de Turenne et de Montecuculli, de Moreau et de l’archiduc Charles ; elle a donc le droit d’être féconde, puisque toujours l’épée, la charrue et la pensée, la remuèrent.


Quand du pays de Bade le voyageur passe dans celui de Wurtemberg, la nature reste belle en devenant plus sévère. Les pentes ombreuses de la forêt Noire impriment à la contrée une mâle gravité,
Quand du pays de Bade le voyageur passe dans celui de Wurtemberg, la nature reste belle en devenant plus sévère. Les pentes ombreuses de la forêt Noire impriment à la contrée une mâle {{tiret|gra|vité,}}

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Comment la science ne sortirait-elle pas de cette terre comme une plante précieuse et nécessaire ? Heidelberg la cultive. Oh ! si vous êtes jeune, si les idées et le sang circulent dans vos veines et dans votre tête par des ardeurs accélérées ; si vous aimez la science avec la fureur qui précipite dans les bras d’une maîtresse, et la nature avec l’impétuosité qui vous fait chercher le sein d’un ami ; si encore vous désirez lier commerce avec le génie germanique, sans trop vous éloigner de la douce patrie, afin que, de temps à autre, il vous en revienne à l’oreille et à l’ame des sons affaiblis et purs ; oh ! courez dans la vallée du Necker vous y enfermer et y vivre ; la pensée y sera toujours fraîche comme le torrent qui jette à vos pieds son écume ; la science y prendra la saveur et la fermeté d’une nourriture vivante bénie par le soleil ; studieux et inspiré, vous contracterez de l’érudition et vous doublerez la vie. L’histoire semble planer sur vos têtes, sous l’image d’une magnifique ruine ; de nobles vieillards passent auprès de vous, que vous pouvez interroger sur les temps et l’antiquité des choses, le philologue Creuzer, le jurisconsulte Zachariæ, le théologien Paulus ; de plus jeunes serviteurs de la science ravivent de temps à autre les traditions de ces vénérables maîtres ; là rien des connaissances humaines ne saurait vous échapper, et vous y puisez, pour les épreuves futures de la vie, pour les jours moins rayonnans et plus sévères, des souvenirs, des émotions et des espérances qui ne sauraient mourir.

Une civilisation intelligente anime le pays de Bade. Freybourg, qui met sa petite cathédrale à côté de celle de Cologne et de Strasbourg comme un gracieux échantillon, met aussi son université à côté de celle de Heidelberg. Manheim et Constance ont des lycées, des gymnases, et les écoles abondent dans l’étendue du duché. Cette terre est heureuse ; elle a les prospérités du présent et dans le passé des réminiscences glorieuses, car enfin elle a été le champ de bataille des Romains et des Allemands, de Turenne et de Montecuculli, de Moreau et de l’archiduc Charles ; elle a donc le droit d’être féconde, puisque toujours l’épée, la charrue et la pensée, la remuèrent.

Quand du pays de Bade le voyageur passe dans celui de Wurtemberg, la nature reste belle en devenant plus sévère. Les pentes ombreuses de la forêt Noire impriment à la contrée une mâle gra-