« Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/124 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page corrigée
+
Page validée

Dernière version du 23 avril 2021 à 00:59

Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
les forçats du mariage

— Qu’as-tu donc ? lui demanda Marcelle inquiète.

— Je t’aime, voilà tout, répondit-il avec indifférence.

Après un silence :

— À quoi penses-tu ? reprit-elle brusquement.

Il sembla sortir d’un rêve.

— À la scène que tu m’as faite hier.

— Mon Robert, tu m’en veux encore ? Eh bien ! je t’en demande pardon.

Robert l’attira à lui, et la retint par une étreinte passionnée. Il avait les yeux pleins de larmes.

— Tu pleures, toi, Robert, mon Robert… Et c’est moi… Mon Dieu ! ai-je pu te faire autant de peine ? Pardonne-moi, pardonne-moi !

Et, toute bouleversée à la vue de ces larmes, elle se laissa glisser aux genoux de son mari.

Pauvre Marcelle !

Robert, depuis une heure, ne pensait pas à sa femme, il pensait à Juliette. Il pensait qu’Étienne était auprès d’elle ; et la jalousie réveillait intense un amour depuis quinze jours assoupi, presque oublié.

Ce malaise dura plusieurs heures.

Le soir, il parut triste, brisé. Marcelle fit de vains efforts pour le distraire. Elle surprit même un bâillement mal réprimé. Ce symptôme d’ennui, de satiété la terrifia.

Robert prétexta un violent mal de tête pour se retirer de bonne heure.