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d’assimiler cette agression à un des actes défenses prévus par la Triple Alliance. Peu d’informations ont, aussi clairement que celle-là, fait apparaît 1e aux esprits impartiaux les vraies responsabilités de la guerre. Grâce à M. Giolitti, nous savons que l’attentat de Serajevo n’a été, en 1914, qu’une occasion saisie avec empressement par l’Autriche-Hongrie et que, déjà un an plus tôt, la monarchie dualiste méditait un coup de main sur Belgrade. M. Giolitti va, sans doute, un peu loin, lorsqu’il déclare que, dans la vie d’un homme d’Etat, le passé est dépourvu de tout intérêt et qu’il Tant voir seulement, en politique, le présent et l’avenir; mais, en tout cas, de son passé, nous ne retenons que cette heureuse indiscrétion de décembre 1914; de son présent, nous notons, avant tout, son télégramme cordial à M. Millerand et le choix qu’il a fait d’un ami de la France, M. Sforza, pour le ministère des Affaires Étrangères. Que M. Giolitti travaille, de conserve avec le Président du Conseil français, à calmer les fâcheuses susceptibilités qui ont, à plusieurs reprises, mis un semblant de malaise dans nos relations avec l’Italie, et les deux premiers ministres auront bien mérité de leurs pays.
d’assimiler cette agression à un des actes défenses prévus par la Triple Alliance. Peu d’informations ont, aussi clairement que celle-là, fait apparaître aux esprits impartiaux les vraies responsabilités de la guerre. Grâce à M. Giolitti, nous savons que l’attentat de Serajevo n’a été, en 1914, qu’une occasion saisie avec empressement par l’Autriche-Hongrie et que, déjà un an plus tôt, la monarchie dualiste méditait un coup de main sur Belgrade. M. Giolitti va, sans doute, un peu loin, lorsqu’il déclare que, dans la vie d’un homme d’Etat, le passé est dépourvu de tout intérêt et qu’il Tant voir seulement, en politique, le présent et l’avenir; mais, en tout cas, de son passé, nous ne retenons que cette heureuse indiscrétion de décembre 1914; de son présent, nous notons, avant tout, son télégramme cordial à M. Millerand et le choix qu’il a fait d’un ami de la France, M. Sforza, pour le ministère des Affaires Étrangères. Que M. Giolitti travaille, de conserve avec le Président du Conseil français, à calmer les fâcheuses susceptibilités qui ont, à plusieurs reprises, mis un semblant de malaise dans nos relations avec l’Italie, et les deux premiers ministres auront bien mérité de leurs pays.


L’étal du monde n’est pas moins dangereux aujourd’hui qu’il l’était en pleine guerre. Aussi bien vis-à-vis de la Russie que vis-à-vis de l’Allemagne, aussi bien en Asie Mineure qu’à Constantinople, l’intérêt des Alliés exige une parfaite unité de conduite, un constant esprit de résolution, une conscience claire de leur devoir international. Si des concessions doivent être la rançon de cet accord nécessaire, il faut qu’elles soient réciproques. Ce n’est pas toujours aux mêmes à se faire tuer. A Boulogne, nos alliés nous ont donné un papier de plus. Attendons les actes.
L’étal du monde n’est pas moins dangereux aujourd’hui qu’il l’était en pleine guerre. Aussi bien vis-à-vis de la Russie que vis-à-vis de l’Allemagne, aussi bien en Asie Mineure qu’à Constantinople, l’intérêt des Alliés exige une parfaite unité de conduite, un constant esprit de résolution, une conscience claire de leur devoir international. Si des concessions doivent être la rançon de cet accord nécessaire, il faut qu’elles soient réciproques. Ce n’est pas toujours aux mêmes à se faire tuer. A Boulogne, nos alliés nous ont donné un papier de plus. Attendons les actes.

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d’assimiler cette agression à un des actes défenses prévus par la Triple Alliance. Peu d’informations ont, aussi clairement que celle-là, fait apparaître aux esprits impartiaux les vraies responsabilités de la guerre. Grâce à M. Giolitti, nous savons que l’attentat de Serajevo n’a été, en 1914, qu’une occasion saisie avec empressement par l’Autriche-Hongrie et que, déjà un an plus tôt, la monarchie dualiste méditait un coup de main sur Belgrade. M. Giolitti va, sans doute, un peu loin, lorsqu’il déclare que, dans la vie d’un homme d’Etat, le passé est dépourvu de tout intérêt et qu’il Tant voir seulement, en politique, le présent et l’avenir; mais, en tout cas, de son passé, nous ne retenons que cette heureuse indiscrétion de décembre 1914; de son présent, nous notons, avant tout, son télégramme cordial à M. Millerand et le choix qu’il a fait d’un ami de la France, M. Sforza, pour le ministère des Affaires Étrangères. Que M. Giolitti travaille, de conserve avec le Président du Conseil français, à calmer les fâcheuses susceptibilités qui ont, à plusieurs reprises, mis un semblant de malaise dans nos relations avec l’Italie, et les deux premiers ministres auront bien mérité de leurs pays.

L’étal du monde n’est pas moins dangereux aujourd’hui qu’il l’était en pleine guerre. Aussi bien vis-à-vis de la Russie que vis-à-vis de l’Allemagne, aussi bien en Asie Mineure qu’à Constantinople, l’intérêt des Alliés exige une parfaite unité de conduite, un constant esprit de résolution, une conscience claire de leur devoir international. Si des concessions doivent être la rançon de cet accord nécessaire, il faut qu’elles soient réciproques. Ce n’est pas toujours aux mêmes à se faire tuer. A Boulogne, nos alliés nous ont donné un papier de plus. Attendons les actes.


RAYMOND POINCARE.

Le Directeur-Gérant  : RENE DOUMIC.