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Dernière version du 13 mai 2021 à 16:12
charitable ! (À Mademoiselle Hébert.) Croyez-moi, mademoiselle, ne lui redites pas cela.
Mlle HÉBERT. C’est ce que je ferai, monsieur.
Scène X.
Vite, renvoyons tout le monde. (Elle sonne ; deux laquais ouvrent la porte du fond.) Vous pouvez vous retirer ; madame n’a plus besoin de vous. Éteignez les lumières de l’antichambre. (Ils sortent en réfléchissant.) Oui, ce mensonge était nécessaire ; autrement jamais madame de Mirepoix n’aurait consenti à laisser madame. Elle n’en paraissait pas dupe ; je l’ai vue regarder M. Duverney d’une manière… Ah ! mon Dieu ! que vont-ils penser ! (Elle ouvre la porte du fond.) On a frappé, je crois… Il ne faut pas qu’on les voie entrer.
Elle éteint toutes les bougies et va ouvrir la porte de l’antichambre que l’on aperçoit en face de celle du salon qui est restée ouverte. Le théâtre est dans l’obscurité.
Scène XI.
Le Roi couvert d’un grand manteau avec un chapeau rond sur la tête. Le Duc, redingote de cocher par dessus son habit et un chapeau de livrée.
LE DUC DE RICHELIEU, secouant son chapeau. Quel temps horrible !
Mlle HÉBERT. Si ces messieurs veulent bien attendre ici, je vais avertir madame.
RICHELIEU. Ici ! mais où sommes-nous ? on n’a pas positivement illuminé pour vous recevoir, sire. (Se heurtant contre un meuble.) Peste soit de l’obscurité.
LE ROI. Prends garde, tu vas renverser quelque meuble, et le bruit jettera l’alarme chez les voisins.
RICHELIEU. N’ayez pas peur, sire ; je suis fait au mystère. Mais celui-ci est impénétrable pour moi. Me faire attendre une heure dans cet accoutrement, par une pluie battante dans la cour de marbre ; suivre votre chaise à porteur dans toutes les cours du château avant d’arriver à un escalier où nous devions nous casser le cou dix fois, tant il était bien éclairé ; et tout cela, pour venir chez quelque jolie femme sans doute, car je connais le bon goût de votre majesté ; mais cette jolie femme a, j’espère, une sœur, une cousine avec qui l’on pourra causer enfin, qui fera prendre patience au pauvre confident.
LE ROI. Non, elle est seule, et quand tu la verras, tu en seras charmé.
RICHELIEU. Sans doute l’intérêt que je prends à votre majesté me la fera trouver charmante ; mais oserai-je lui demander comment elle accorde cet amour avec celui qui existait lors de mon départ pour Richelieu ?
LE ROI. Tu veux parler de madame de la Tournelle ?… Ah ! cet amour-là ne lui fait aucun tort.
RICHELIEU. Je sais bien qu’on dit toujours cela, et pour ma part j’ai cent fois répété qu’un caprice ne faisait aucun tort à un grand sentiment. Mais je mentais alors, et si sa majesté est franche, elle conviendra demain avec moi que son grand sentiment pour la marquise est considérablement amorti.
LE ROI. Non, vraiment ; je l’aime plus que jamais. C’est dommage qu’elle me rende si malheureux !
RICHELIEU. Et vous la trompez pour vous consoler.
LE ROI. Tu n’en ferais pas d’autre, toi.
RICHELIEU. Il est vrai, je sais ce qu’on doit à la vertu, et je lui donne tout le temps nécessaire pour faire une résistance convenable ; mais pendant les débats, je profite des occasions qui s’offrent. Je n’aime pas l’oisiveté.
LE ROI. Chut ! on vient.
Scène XII.
Mlle Hébert portant un flambeau qui lui sert à rallumer les candélabres.
LE DUC DE RICHELIEU. Que vois-je ! madame la Tournelle !
LE ROI Oui, c’est elle qui daigne nous recevoir. Combien je l’en remercie !…
LA MARQUISE. C’est un honneur que je n’ai pas eu le courage de refuser.
LE ROI. Ah ! ne vous en repentez pas. (Montrant Richelieu.) Mais voyez donc. Quelle étrange figure !
LA MARQUISE, riant. Il est certain qu’on a peine à reconnaître le brillant duc de Richelieu sous ce bizarre accoutrement.
RICHELIEU. Je suis abominable, j’en suis sûr ; c’est pourtant le roi qui a exigé que je fusse affublé ainsi. (Il ôte sa perruque et sa redingote et s’arrange devant une glace.)