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VIE DE VOLTAIRE.

vons nos lumières, nos arts, nos vertus même, cesse d’être déshonorée par la présence d’un peuple qui unit les vices infâmes de la mollesse à la férocité des peuples sauvages ! Vous craignez pour la balance de l’Europe ! comme si ces conquêtes ne devaient pas diminuer la force des conquérants, au lieu de l’augmenter ; comme si l’Asie ne devait pas longtemps offrir à des ambitieux une proie facile qui les dégoûterait des conquêtes hasardeuses qu’ils pourraient tenter en Europe ! Ce n’est point la politique des princes, ce sont les lumières des peuples civilisés qui garantiront à jamais l’Europe des invasions ; et plus la civilisation s’étendra sur la terre, plus on en verra disparaître la guerre et les conquêtes, comme l’esclavage et la misère.

Louis XV mourut. Ce prince, qui depuis longtemps bravait, dans sa conduite, les préceptes de la morale chrétienne, ne s’était cependant jamais élevé au-dessus des terreurs religieuses. Les menaces de la religion revenaient l’effrayer à l’apparence du moindre danger ; mais il croyait qu’une promesse de continence, si facile à faire sur un lit de mort, et quelques paroles d’un prêtre, pouvaient expier les fautes d’un règne de soixante ans. Plus timide encore que superstitieux, accoutumé par le cardinal de Fleury à regarder la liberté de penser comme une cause de trouble dans les États, ou du moins d’embarras pour les gouvernements, ce fut malgré lui que, sous son règne, la raison humaine fit en France des progrès rapides. Celui qui y travaillait avec le plus d’éclat et de succès était devenu l’objet de sa