« Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/164 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
→‎Page non corrigée : Page créée avec « <nowiki /> On ne pouvait, d’ailleurs, rendre la liberté aux serfs du Mont-Jura, sans blesser le parlement de Besançon ; la révision du procès d’Abbeville eût hu... »
 
(Aucune différence)

Dernière version du 16 juin 2021 à 09:46

Cette page n’a pas encore été corrigée
150
VIE DE VOLTAIRE.

On ne pouvait, d’ailleurs, rendre la liberté aux serfs du Mont-Jura, sans blesser le parlement de Besançon ; la révision du procès d’Abbeville eût humilié celui de Paris ; et une politique maladroite avait rétabli les anciens parlements, sans profiter de leur destruction et du peu de crédit de ceux qui les avaient remplacés, pour porter dans les lois et dans les tribunaux une réforme entière dont tous les hommes instruits sentaient la nécessité. Mais un ministère faible et ennemi des lumières n’osa ou ne voulut pas saisir cette occasion où le bien eût encore moins trouvé d’obstacles que dans l’instant si honteusement manqué par le chancelier Maupeou.

C’est ainsi que, par complaisance pour les préjugés des parlements, le ministère laissa perdre, pour la réforme de l’éducation, les avantages que lui offrait la destruction des jésuites. On n’avait même pris, en 1774, aucune précaution pour empêcher la renaissance des querelles qui, en 1770, avaient amené la destruction de la magistrature. On n’avait eu qu’un seul objet : l’avantage de s’assurer une reconnaissance personnelle qui donnât aux auteurs du changement un moyen d’employer utilement contre leurs rivaux de puissance, le crédit des corps dont le rétablissement était leur ouvrage.

Ainsi le seul avantage que Voltaire put obtenir du ministère de M. Turgot, fut de soustraire le petit pays de Gex à la tyrannie des fermes. Séparé de la France par des montagnes, ayant une communication facile avec Genève et la Suisse, cette malheureuse contrée ne pouvait être assujettie au régime fiscal, sans de-