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je me le tiendrai pour dit. Pour moi, je fais toujours
je me le tiendrai pour dit. Pour moi, je fais toujours la même vie, ma très-aimable marquise, tantôt à Versailles, et tantôt à Paris, et toujours en bonne compagnie. Je partage à Paris mes nuits entre mes deux femmes ; car j’en passe bien autant au quartier de Richelieu<ref>2. A l’hôtel de Louvois, là où est maintenant la place de ce nom, dans la rue Richelieu.</ref> que dans la rue dès Tournelles<ref>3. Coulanges n’habitait plus au Temple. Voyez {{pg}}16, note 15.</ref> ; bien m’en a pris par les temps horribles que nous avons eus, car il n’y alloit pas moins que de la vie à courir les rues, et principalement la nuit.
la même vie, ma très-aimable marquise, tantôt à Ver

sailles, et tantôt à Paris, et toujours en bonne compagnie.
Nous avons enfin ici les bons Chaulnes, tout comme vous les avez jamais vus, et toujours aussi disposés à faire bonne chère à leurs amis. Ils sont arrangés à merveilles dans leur hôtel ; et la duchesse, toujours si opposée aux changements que l’on y veut faire, est toujours ravie, quand elle arrive de Bretagne, de les trouver faits, et est toute la première à les approuver. Monsieur, que vous savez qui est passionné pour elle, la vint voir hier, et lui fit une visite la plus aimable que l’on puisse faire. {{Mme}} de Coulanges fut invitée pour aller faire les honneurs, et elle n’y manqua pas, comme vous pouvez croire. Pour moi, je ne me trouvai point à l’hôtel de Chaulnes quand Monsieur y vint, parce que je dînois au faubourg Saint-Germain ; mais j’y arrivai assez tôt pour trouver encore des feux d’un très-bon air dans toutes les cheminées, et toutes les marques d°une riche maison où l’on sait vivre à la grande. Monsieur fut voir encore {{Mme}} la princesse de Rohan, qui est en couche<ref>4. {{Mme}} de Rohan (voyez tome {{rom-maj|VIII|}}, {{pg}}469, note 12) était accouchée le 4 janvier précédent (d’après Moréri) de Louise-Francoise, qui fut mariée en 1716 au duc de la Meilleraye.</ref>, et la princesse d’Épinoi la douairière <ref name=p232>5. Jeanne-Pélagie Chabot de Rohan, fille puînêe de Henri Chabot et de Marguerite duchesse de Rohan, seconde femme, en 1668,</ref>, qui a été malade.<section end="1401"/>
Je partage à Paris mes nuits entre mes deux femmes ;
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dans la rue dès Tournelles<ref>3. Coulanges n’habitait plus au Temple. Voyez p. 16, note 15.</ref> ; bien m’en a pris par les temps
horribles que nous avons eus, car il n`y alloit pas moins
que de la vie à courir les rues, et principalement la nuit.
Nous avons enfin ici les bons Chaulnes, tout comme
vous les avez jamais vus, et toujours aussi disposés à
faire bonne chère à leurs amis. Ils sont arrangés à merveilles
dans leur hôtel ; et la duchesse, toujours si opposée
aux changements que l'on y veut faire, est toujours ravie,
quand elle arrive de Bretagne, de les trouver faits,
et est toute la première à les approuver. Monsieur, que
vous savez qui est passionné pour elle, la vint voir
hier, et. lui fit une visite la plus aimable que l'on puisse
faire. Mme de Coulanges fut invitée pour aller faire
les honneurs, et elle n`y manqua pas, comme vous pouvez
croire. Pour moi, je ne me trouvai point à l’hôtel de
Chaulnes quand Monsieur y vint ; parce que je dînois
au faubourg Saint-Germain ; mais j`y arrivai assez tôt
pour trouver encore des feux d’un très-bon air dans
toutes les cheminées, et toutes les marques d°une riche
maison ou l’on sait vivre à la grande. Monsieur fut voir
encore Mme la princesse de Rohan, qui est en couche<ref>4. Mme de Rohan (voyez tome VIII, p. 469, note I2) était accouchée
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et de Marguerite duchesse de Rohan, seconde femme, en 1668,</ref>, qui a été malade.

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1695 je me le tiendrai pour dit. Pour moi, je fais toujours la même vie, ma très-aimable marquise, tantôt à Versailles, et tantôt à Paris, et toujours en bonne compagnie. Je partage à Paris mes nuits entre mes deux femmes ; car j’en passe bien autant au quartier de Richelieu[1] que dans la rue dès Tournelles[2] ; bien m’en a pris par les temps horribles que nous avons eus, car il n’y alloit pas moins que de la vie à courir les rues, et principalement la nuit.

Nous avons enfin ici les bons Chaulnes, tout comme vous les avez jamais vus, et toujours aussi disposés à faire bonne chère à leurs amis. Ils sont arrangés à merveilles dans leur hôtel ; et la duchesse, toujours si opposée aux changements que l’on y veut faire, est toujours ravie, quand elle arrive de Bretagne, de les trouver faits, et est toute la première à les approuver. Monsieur, que vous savez qui est passionné pour elle, la vint voir hier, et lui fit une visite la plus aimable que l’on puisse faire. Mme  de Coulanges fut invitée pour aller faire les honneurs, et elle n’y manqua pas, comme vous pouvez croire. Pour moi, je ne me trouvai point à l’hôtel de Chaulnes quand Monsieur y vint, parce que je dînois au faubourg Saint-Germain ; mais j’y arrivai assez tôt pour trouver encore des feux d’un très-bon air dans toutes les cheminées, et toutes les marques d°une riche maison où l’on sait vivre à la grande. Monsieur fut voir encore Mme  la princesse de Rohan, qui est en couche[3], et la princesse d’Épinoi la douairière [4], qui a été malade.

  1. 2. A l’hôtel de Louvois, là où est maintenant la place de ce nom, dans la rue Richelieu.
  2. 3. Coulanges n’habitait plus au Temple. Voyez p. 16, note 15.
  3. 4. Mme  de Rohan (voyez tome VIII, p. 469, note 12) était accouchée le 4 janvier précédent (d’après Moréri) de Louise-Francoise, qui fut mariée en 1716 au duc de la Meilleraye.
  4. 5. Jeanne-Pélagie Chabot de Rohan, fille puînêe de Henri Chabot et de Marguerite duchesse de Rohan, seconde femme, en 1668,