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Il suffirait cependant d’examiner les exemples qui se présentent en foule à celui qui connaît un peu l’histoire des sciences, pour lever cet étonnement et montrer que le principe que nous venons l’énoncer, loin d’être un paradoxe étrange, est bien une des tendances primordiales de l’esprit humain. Mais avant d’entrer en matière, nous allons mettre en lumière le fait suivant : pour que ce principe puisse s’appliquer, il est nécessaire qu’il rencontre un donné déjà élaboré ; il n’aurait évidemment aucune prise sur un Monde composé uniquement de choses hétérogènes, qui ne présenteraient entre elles aucune sorte de similitude. Et en effet, malgré la diversité apparente des innombrables perceptions dont nous sommes constamment assaillis, il a fallu que nous affirmions quelque similitude réelle avant de proclamer l’action de tel semblable sur tel semblable ; bref, qu’à l’aide d’analogies diverses, nous ayons commencé à imposer au monde quelque rudiment d’organisation. Mais, alors que la ressemblance fixait seulement le langage en suggérant des ''analogies virtuelles'' que l’expérimentateur vérifiait, ou des ''analogies formelles'' établissant une sorte d’harmonie entre nos différents systèmes de concepts, la nouvelle propriété des choses semblables attribuait aux choses groupées sous le même concept général une activité propre leur permettant de s’attirer, de se repousser ou de se modifier réciproquement ; c’est pourquoi nous l’avons nommée ''analogie agissante''.
Il suffirait cependant d’examiner les exemples qui se présentent en foule à celui qui connaît un peu l’histoire des sciences, pour lever cet étonnement et montrer que le principe que nous venons l’énoncer, loin d’être un paradoxe étrange, est bien une des tendances primordiales de l’esprit humain. Mais avant d’entrer en matière, nous allons mettre en lumière le fait suivant : pour que ce principe puisse s’appliquer, il est nécessaire qu’il rencontre un donné déjà élaboré ; il n’aurait évidemment aucune prise sur un Monde composé uniquement de choses hétérogènes, qui ne présenteraient entre elles aucune sorte de similitude. Et en effet, malgré la diversité apparente des innombrables perceptions dont nous sommes constamment assaillis, il a fallu que nous affirmions quelque similitude réelle avant de proclamer l’action de tel semblable sur tel semblable ; bref, qu’à l’aide d’analogies diverses, nous ayons commencé à imposer au monde quelque rudiment d’organisation. Mais, alors que la ressemblance fixait seulement le langage en suggérant des ''analogies virtuelles'' que l’expérimentateur vérifiait, ou des ''analogies formelles'' établissant une sorte d’harmonie entre nos différents systèmes de concepts, la nouvelle propriété des choses semblables attribuait aux choses groupées sous le même concept général une activité propre leur permettant de s’attirer, de se repousser ou de se modifier réciproquement ; c’est pourquoi nous l’avons nommée ''analogie agissante''.


Comment, par quel phénomène se manifestera cette ''analogie agissante'' ? D’abord dans les {{tiret|civilisa|tion}}
Comment, par quel phénomène se manifestera cette ''analogie agissante'' ? D’abord dans les {{tiret|civilisa|tions}}

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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

prépondérant dans la formation des concepts et des théories qui en découlent ? Il aurait guidé notre esprit à les former alors qu’ils étaient encore si peu analysés qu’on n’aurait pu songer à les isoler les uns des autres ?

Il suffirait cependant d’examiner les exemples qui se présentent en foule à celui qui connaît un peu l’histoire des sciences, pour lever cet étonnement et montrer que le principe que nous venons l’énoncer, loin d’être un paradoxe étrange, est bien une des tendances primordiales de l’esprit humain. Mais avant d’entrer en matière, nous allons mettre en lumière le fait suivant : pour que ce principe puisse s’appliquer, il est nécessaire qu’il rencontre un donné déjà élaboré ; il n’aurait évidemment aucune prise sur un Monde composé uniquement de choses hétérogènes, qui ne présenteraient entre elles aucune sorte de similitude. Et en effet, malgré la diversité apparente des innombrables perceptions dont nous sommes constamment assaillis, il a fallu que nous affirmions quelque similitude réelle avant de proclamer l’action de tel semblable sur tel semblable ; bref, qu’à l’aide d’analogies diverses, nous ayons commencé à imposer au monde quelque rudiment d’organisation. Mais, alors que la ressemblance fixait seulement le langage en suggérant des analogies virtuelles que l’expérimentateur vérifiait, ou des analogies formelles établissant une sorte d’harmonie entre nos différents systèmes de concepts, la nouvelle propriété des choses semblables attribuait aux choses groupées sous le même concept général une activité propre leur permettant de s’attirer, de se repousser ou de se modifier réciproquement ; c’est pourquoi nous l’avons nommée analogie agissante.

Comment, par quel phénomène se manifestera cette analogie agissante ? D’abord dans les civilisa-