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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

ples les plus typiques que M. Lévy-Bruhl donne de cette mentalité qui nous parait si bizarre[1] ; il nomme la méthode qu’elle suit et dont il vient d’indiquer la marche « loi de participation » ; chaque être, en effet, par sa nature et par son action prend part à un autre être dont on affirme cependant l’identité avec lui-même.

Du point de vue où se place la théorie des conceptualisations, cette tendance d’esprit des sauvages nous montre les résultats qu’atteindrait l’analogie agissante si elle était à l’état pur ; si la réflexion logique ne venait la discipliner, la modifier, la pénétrer de raison.

Et en effet, quand nous étudions comment elle influe sur les sociétés civilisées, l’analogie agissante nous paraîtra, ou provoquée par des rites spéciaux comme dans la magie, ou encore comme témoignant d’une qualité « donnée » occulte et irrationnelle des choses qui la possèdent, ou enfin elle se réduit à un symbolisme soit intellectuel, soit sentimental.

N’insistons pas longuement sur les actions magiques que les initiés seuls savent provoquer, rappelons seulement l’envoûtement d’un être humain tel que l’on nous a enseigné qu’il se pratiquait au moyen âge. Le sorcier donc fabriquait en cire une image de sa victime ; cette image était ensuite soumise à un rite spécial, qui la douait, pour l’homme dont elle était la copie, d’une sympathie particulière ; si elle était notamment percée au cœur par un stylet, son modèle, par une communication fort indirecte et obscure, pouvait recevoir la mort ! Mais ici l’ana-

  1. Pour le faire, il serait nécessaire d’entrer dans un grand nombre d’explications préliminaires, on les trouvera disséminées dans les ouvrages suivants de M. Lévy-Bruhl : Fonctions mentales et Mentalité primitive.