« Page:Revue pour les français, T1, 1906.djvu/619 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
Aucun résumé des modifications
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée

Version du 5 octobre 2021 à 14:55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
463
UNE GUERRE DE CENT ANS

ques encore. Ce fut Deerfield, dans le Massachussetts, qui fut incendié dans la nuit du 28 février par 350 Franco-Indiens, commandés par M. Hertel de Rouville ; 47 cadavres mutilés furent abandonnés au milieu des ruines fumantes tandis que 112 captifs étaient emmenés à travers les forêts glacées et les plaines couvertes de neige ; un grand nombre périrent en chemin. Par représailles, les coloniaux envahirent de nouveau l’Acadie et reprirent Port-Royal. Le traité d’Utrecht arrêta les hostilités ; l’Acadie et Terre-Neuve passaient sous la domination britannique. En avoir dépossédé les Français constituait aux yeux des Américains un avantage qui les payait de bien des pertes et de bien des sacrifices.

Peu d’événements à noter pendant les années qui suivirent. Une expédition contre les Antilles Espagnoles coûta la vie à plus de 3.000 coloniaux et ne donna point de résultat. Les Géorgiens, ces nouveaux venus dans la famille américaine, envahirent la Floride ; ils avaient fait appel à leurs voisins de la Caroline et de la Virginie ; mais les forces combinées des trois colonies ne purent rien contre les puissants remparts de Saint-Augustin. Leur ambition coûta cher aux Géorgiens. Les meilleurs agriculteurs de Géorgie, les Écossais et les Moraves (car cette colonie était aussi un asile de persécutés) abandonnèrent les exploitations naissantes ; les premiers parce qu’ils avaient été décimés dans l’assaut donné à la forteresse espagnole ; les seconds parce qu’ils ne voulaient pas s’exposer à l’obligation de porter les armes contrairement aux préceptes de leur religion. Au nord, après quelques années d’accalmie, les animosités se réveillèrent. L’industrie de la pêche s’étant beaucoup développée, les pêcheurs de la Nouvelle Angleterre firent de fréquentes incursions dans les eaux françaises. De part et d’autre, on détruisait les bateaux et le matériel des pêcheries. En 1721, le Massachussetts, jouant cette fois le rôle d’agresseur, refoula les Indiens alliés des Français. La paix, une paix relative et instable, se rétablit en 1725. Officiellement les Français ne participèrent point à ces campagnes car l’Angleterre et la France n’avaient point encore rompu les stipulations du traité d’Utrecht ; mais ils ne pouvaient se désintéresser des affaires américaines au point de conserver une neutralité absolue. Aussi prêtaient-ils aux Indiens leur appui par tous les moyens en leur pouvoir. Les coloniaux leur en voulurent encore plus que d’une hostilité ouverte. Chaque année qui s’écoulait augmentait ainsi la