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Dernière version du 24 octobre 2021 à 11:51
Dieu, rattachant la continuité de l’espèce à des délices, a déposé les créatures dans le sein des femmes ; la femme porte l’enfant de l’homme qu’elle aime, et, amante et mère, fidèle et créatrice, communique la vie et l’émotion à cette partie d’elle-même, qui s’en détachera pour supporter un jour des épreuves, montrer son courage et survivre ; l’action de la mère sur l’enfant lui fait surveiller ses impressions pour créer une ame forte : transmettant la vie par nécessité, et inquiète comme si elle était responsable, nulle femme encore ne s’est élevée par la pensée à cette fonction de créer que la nature lui donne et n’a peint ce qu’une femme seule peut peindre sans que la nature soit jamais dépassée. Ne craignons pas de la suivre un moment dans ses combinaisons et ses détails : la maternité, éveillée avant que l’enfant ne soit né, dès qu’il paraît au jour se déclare dans la souffrance par une joie machinale ; le lait monte au sein ; la bouche de l’enfant cherche la mère ; des tendresses nouvelles s’éveillent chez elle : ici un tendre mélange d’émotions et de délicatesses. L’enfance de l’homme est pleine de grâce ; la nature, y attachant des charmes innocens, en donna l’intelligence aux mères, qui, subjuguées par un enchantement nouveau, passent leurs jours à regarder dormir leur enfant, à écouter avec attendrissement la légère respiration qui sort de sa fraîche bouche entr’ouverte, à le caresser sans qu’il s’en aperçoive, suivre ses progrès et s’amuser, sans se lasser, de ses naissans éclats de rire et de ses premiers pas. La femme, dans ce bonheur, oublie l’amour, qui ne renaîtra que trop grand, pour se livrer à cette frêle et douce créature qu’anime un souffle de vie si tremblant. Les femmes ainsi font partie de la religion ; à elles sont attachées les plus fortes preuves de Dieu ; chez les animaux, la femelle nous offre les mêmes lois : le lion est roi du désert, qu’il épouvante ; mais la lionne, mère, est cent fois plus redoutable :