« Page:Rousseau - La Monongahéla, 1890.djvu/37 » : différence entre les versions

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assez bien ces jeunes gens qui, de nos jours, se donnent le genre de poser pour le scepticisme de notre époque.
assez bien ces jeunes gens qui, de nos jours, se donnent le genre de poser pour le scepticisme de notre époque.


M. de Sabrevois avait alors trente-cinq ans. Il
{{M.|de}} Sabrevois avait alors trente-cinq ans. Il
était d’une beauté un peu dure, mais saisissante.
était d’une beauté un peu dure, mais saisissante.
Ses traits réguliers, son front élevé avaient la couleur et la fermeté de bronze ; ses yeux étaient à la fois plein de feu et de calme ; son élocution facile, sobre, tranquille et sarcastique répondait bien à l’apparence distinguée, hautaine et glaciale de sa personne.
Ses traits réguliers, son front élevé avaient la couleur et la fermeté de bronze ; ses yeux étaient à la fois plein de feu et de calme ; son élocution facile, sobre, tranquille et sarcastique répondait bien à l’apparence distinguée, hautaine et glaciale de sa personne.


M. de Sabrevois aimait l’étude. Le vent du doute,
{{M.|de}} Sabrevois aimait l’étude. Le vent du doute,
les fausses doctrines du dix-huitième siècle que devaient personnifier les encyclopédistes, avaient alors ses précurseurs.
les fausses doctrines du dix-huitième siècle que devaient personnifier les encyclopédistes, avaient alors ses précurseurs.


Orphelin, sans guide, M. de Sabrevois s’était nourri de ces doctrines et affectait un scepticisme qu’il n’avait peut-être pas au fond du cœur, car il était naturellement bon. Mais c’était alors le bon ton, ça commençait à être la mode qui devint plus tard presque générale à la cour, de ne plus croire à rien, de rire de la vertu et de faire l’apologie du vice.
Orphelin, sans guide, {{M.|{{lié|de Sabrevois}}}} s’était nourri de ces doctrines et affectait un scepticisme qu’il n’avait peut-être pas au fond du cœur, car il était naturellement bon. Mais c’était alors le bon ton, ça commençait à être la mode qui devint plus tard presque générale à la cour, de ne plus croire à rien, de rire de la vertu et de faire l’apologie du vice.


Hélas ! la mode s’est propagée et elle existe encore de nos jours dans certains quartiers, chez certains petits jeunes gens qui se font vicieux pour être quelque chose, qui affectent de ne plus croire à rien pour prouver leur érudition, sans s’apercevoir qu’ils
Hélas ! la mode s’est propagée et elle existe encore de nos jours dans certains quartiers, chez certains petits jeunes gens qui se font vicieux pour être quelque chose, qui affectent de ne plus croire à rien pour prouver leur érudition, sans s’apercevoir qu’ils

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La Monongahéla

connaître ce dernier en deux mots. Il personnifie assez bien ces jeunes gens qui, de nos jours, se donnent le genre de poser pour le scepticisme de notre époque.

M. de Sabrevois avait alors trente-cinq ans. Il était d’une beauté un peu dure, mais saisissante. Ses traits réguliers, son front élevé avaient la couleur et la fermeté de bronze ; ses yeux étaient à la fois plein de feu et de calme ; son élocution facile, sobre, tranquille et sarcastique répondait bien à l’apparence distinguée, hautaine et glaciale de sa personne.

M. de Sabrevois aimait l’étude. Le vent du doute, les fausses doctrines du dix-huitième siècle que devaient personnifier les encyclopédistes, avaient alors ses précurseurs.

Orphelin, sans guide, M. de Sabrevois s’était nourri de ces doctrines et affectait un scepticisme qu’il n’avait peut-être pas au fond du cœur, car il était naturellement bon. Mais c’était alors le bon ton, ça commençait à être la mode qui devint plus tard presque générale à la cour, de ne plus croire à rien, de rire de la vertu et de faire l’apologie du vice.

Hélas ! la mode s’est propagée et elle existe encore de nos jours dans certains quartiers, chez certains petits jeunes gens qui se font vicieux pour être quelque chose, qui affectent de ne plus croire à rien pour prouver leur érudition, sans s’apercevoir qu’ils