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Version du 16 décembre 2009 à 08:08


Le Lais ou Petit Testament
1457


ŒUVRES COMPLÈTES


DE


FRANÇOIS VILLON


suivies d’un choix des Poésies de ses disciples


édition préparée par la monnoye


MISE AU JOUR, AVEC NOTES ET GLOSSAIRE


PAR


M. PIERRE JANNET



PARIS
LIBRAIRIE ERNEST FLAMMARION

26, RUE RACINE


PRÉFACE.


On ne sait guère de la vie de François Villon que ce qu’il en dit lui-même, et l’on en sait trop. J’aurais voulu me dispenser de décrire, après tant d’autres[1], cette existence peu édifiante, mais je n’ai pas cru pouvoir le faire. Le sujet des poésies de Villon, c’est Villon lui-même, et sa biographie est la clef de ses œuvres.

François Villon naquit à Paris en 1431. Sur la foi d’une pièce que Fauchet, dans son traité de l’Origine des chevaliers, imprimé en 1599, dit avoir trouvée dans un manuscrit de sa bibliothèque[2], on a mis en doute le lieu de la naissance et jusqu’au nom du poëte. On s’est livré à des conjectures ingénieuses pour concilier les renseignements fournis par lui-même avec les indications de Fauchet, pour expliquer comment il pouvait s’appeler à la fois Corbueil et Villon, être à la fois natif d’Auvers et de Paris. Pour moi, je crois, avec le P. Du Cerceau, Daunou et beaucoup d’autres, qu’on ne doit tenir aucun compte de ce huitain, amplification maladroite de l’épitaphe en quatre vers[3]. Ce n’est pas sur une pareille autorité qu’on peut substituer le nom de Corbueil à celui de Villon, que notre poëte se donne lui-même en vingt endroits de ses œuvres[4].

Les parents de Villon étaient pauvres[5]. Sa mère était illettrée[6] ; son père était vraisemblablement un homme de métier, et peut-être, ainsi que l’a conjecturé M. Campeaux, un ouvrier en cuir, un cordouennier[7].

Poussé par le désir de s’élever au-dessus de la triste condition de ses parents, ou plutôt par ce besoin de savoir qui tourmente les natures comme la sienne, Villon étudia. Il connut les misères de l’état d’écolier pauvre. On n’a pas de renseignements certains sur le genre d’études auquel il se livra ni sur les progrès qu’il y fit. M. Nagel suppose qu’il obtint le grade de maître ès arts, et se fonde surtout sur le legs qu’il fait plus tard, de sa « nomination qu’il a de l’Université » (p. 15). Mais ce legs pourrait bien n’être qu’une plaisanterie, comme tant d’autres. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’obtint pas le grade de maître en théologie, but suprême des études du temps[8].

En ce temps-là, comme plus tard, les étudiants étaient exposés à bien des tentations. Villon n’y sut pas résister. En contact avec des jeunes gens sans préjugés d’aucune sorte et dépourvus d’argent comme lui, il adopta leurs mœurs et façons de vivre. Bientôt il devint leur chef et leur providence[9]. Les Repues franches, singulier monument élevé à sa gloire par quelqu’un de ses disciples, nous font connaître par quelles combinaisons ingénieuses lui et ses compagnons se procuraient les moyens de mener joyeuse vie. Leurs friponneries étaient tout à fait dans les mœurs du temps, et ne dépassaient sans doute pas les proportions de ce qu’on serait volontiers tenté d’appeler des bons tours ; mais ils étaient sur une pente glissante, et la justice n’entendait pas raillerie.

Rien ne prouve cependant que Villon ait eu maille à partir avec elle à cause de ses entreprises sur le bien d’autrui. On a parlé de ses deux procès : il en eut au moins trois, bien constatés par ses œuvres, et le premier, qu’on n’avait pas fait ressortir jusqu’à présent, est le seul dont le sujet soit indiqué d’une manière certaine. C’est la suite d’une affaire d’amour.

Avant de tomber dans ces relations honteuses avec des femmes perdues dont la Ballade de la Grosse Margot[10] nous donne l’ignoble tableau, Villon fut amoureux. Il connut l’amour vrai, l’amour naïf et timide[11]. Quel fut l’objet de cette passion, c’est ce qu’il n’est pas facile de dire. Il l’appelle de divers noms, Denise, Roze, Katherine de Vauzelles. Que ce fût une femme de mœurs faciles, une gentille bourgeoise ou une noble damoiselle, il paraît certain que c’était une coquette. Elle l’écouta d’abord, l’encouragea[12] et finit par le rebuter. Il s’en plaignit sans doute à ses compagnons, que les femmes qu’ils fréquentaient n’avaient pas habitués à de pareilles rigueurs, et qui se moquèrent de lui[13]. Villon s’emporta contre sa belle, lui fit des avanies, lui dit des injures, composa peut-être contre elle quelque ballade piquante, quelque rondeau bien méchant. Or, bien que religieux au fond, il frondait volontiers les choses sacrées[14]. La belle dame se plaignit ; la juridiction ecclésiastique s’en mêla[15], et Villon fut bel et bien condamné au fouet[16].

C’est à la suite de cette sentence que Villon, décidé à quitter Paris, composa les Lays ou legs auxquels on a donné depuis le titre de Petit Testament.

Dans le huitain vi, page 9, il annonce qu’il s’en va à Angers. Il est probable qu’il ne fit pas ce voyage. Ses habitudes, ses relations, sa misère, le retinrent à Paris ou aux environs. C’était en 1456. Flétri par le châtiment qu’il avait subi, aigri par l’infortune, il ne connut plus de bornes. L’année qui suivit sa condamnation fut assurément l’époque la plus honteuse de sa vie. En 1457, il était dans les prisons du Châtelet, et le Parlement, après lui avoir fait appliquer la question de l’eau[17], le condamnait à mort. On ignore le motif de cette condamnation ; on a supposé qu’il s’agissait d’un crime commis à Rueil par lui et plusieurs de ses compagnons, dont quelques-uns furent pendus[18]. Cette supposition paraît fondée. Quant au crime commis, il n’était peut-être pas d’une extrême gravité. Les lois étaient sévères, et les compagnons de Villon devaient avoir, comme lui, des antécédents fâcheux.

Quoi qu’il en soit, Villon ne partagea pas leur sort. Il est vrai qu’il ne négligea rien pour se tirer d’affaire : il appela de la sentence, ce qui lui valut quelque répit ; puis, du moins ceci paraît certain, à l’occasion de la naissance d’une princesse qu’il appelle Marie, il implora la protection du père de cette princesse. Cette démarche lui réussit : le prince intercéda pour lui, et le Parlement commua sa peine en celle du bannissement. Villon se montra pénétré de reconnaissance. Il adressa une requête au Parlement, pour lui rendre grâces autant que pour lui demander un délai de trois jours pour quitter Paris, et il composa pour la princesse qui venait de naître des vers pleins de sentiment. M. Prompsault a cru que cette princesse était Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, née le 13 février 1457 ; mais c’était une erreur. M. Auguste Vitu, qui prépare depuis nombre d’années une édition de Villon, a reconnu qu’il s’agissait de Marie d’Orléans, fille du poëte Charles d’Orléans, née le 19 décembre 1457, et M. Campeaux a clairement démontré que cette opinion était fondée.

À partir du moment où Villon quitte Paris, en exécution de l’arrêt du Parlement, nous perdons sa trace jusqu’en 1461. À cette époque nous le trouvons dans les prisons de Meung-sur-Loire, où le détient Thibault d’Aussigny, évêque d’Orléans. Quel nouveau méfait lui reprochait-on ? Ceux qui supposent qu’il avait fabriqué de la fausse monnaie n’ont pas pris garde que la punition de ce crime était exclusivement du ressort des juges séculiers. Dans le Débat du cœur et du corps de Villon, composé dans sa prison, le poëte attribue sa détention à sa folle plaisance. Ce qu’on lui reprochait, c’était peut-être quelque propos ou quelque écrit peu orthodoxe, quelque plaisanterie sentant le sacrilége, quelque aventure galante par trop scandaleuse, toutes choses dont il était bien capable et dont la répression regardait la justice ecclésiastique. Il y a lieu de croire que le délit n’était pas en rapport avec la punition, car Villon, qui n’a jamais protesté contre sa condamnation au fouet, qui se contente d’indiquer vaguement que le Parlement l’avait jugé par fausserie, fit preuve de la plus violente rancune contre Thibault d’Aussigny. Il paraît même certain que cette mauvaise affaire ne lui fit pas perdre la faveur de ses protecteurs, Charles d’Orléans et le duc de Bourbon.

Quoi qu’il en soit, Villon languit longtemps dans la prison de Meung, plongé dans un cul de basse-fosse, nourri au pain et à l’eau. Rien n’indique qu’une sentence quelconque ait été rendue contre lui, mais le traitement qu’on lui faisait subir devait le conduire lentement à une mort certaine. Heureusement Louis XI, qui venait de succéder à Charles VII, alla à Meung dans l’automne de 1461, et Villon lui dut sa délivrance. Fut-ce, ainsi que le dit M. Campeaux, par suite « du don de joyeux avénement qui remettait leur peine à tous les prisonniers d’une ville où le roi entrait après son sacre ? » Je serais plutôt porté à croire, malgré l’absence de preuves, que Villon fut personnellement l’objet d’une mesure de clémence de la part du roi ; la façon dont il en témoigne sa reconnaissance me paraît justifier cette supposition[19].

En sortant des prisons de Meung, Villon composa, du moins en partie, le Grand Testament, dans lequel sont intercalées des pièces qui se rapportent à diverses époques de sa vie, et dont quelques-unes ont dû être composées beaucoup plus tard.

Il est probable, en effet, que Villon vécut encore longtemps ; mais on ne sait rien de précis à cet égard. Les conjectures sur lesquelles on se fonde pour placer la date de sa mort entre 1480 et 1489 ne sont, en définitive, que des conjectures. Quant aux voyages qu’on lui fait faire à Saint-Omer, Lille, Douai, Salins, Angers, Saint-Genoux, et jusque dans le Roussillon, rien ne prouve qu’ils ont eu lieu. Villon nomme ces localités dans ses œuvres, il est vrai, mais nulle part il ne dit qu’il les a visitées. Son voyage à Bruxelles, son séjour en Angleterre, avec la réponse hardie qu’il aurait faite au roi Édouard V, ne me semblent pas beaucoup plus certains, malgré mon respect pour celui qui s’en est fait l’historien[20]. Ce qui me semble hors de doute, c’est sa retraite dans le centre de la France, où semblait l’attirer quelque chose qui nous est inconnu, peut-être quelque relation de famille. Dans le Petit Testament, il annonce qu’il va à Angers[21] ; il en revenait peut-être lorsqu’il fut arrêté à Meung. Dans le Grand Testament, il dit qu’il « parle un peu poictevin[22]. » La Ballade Villon (p. 109) et la Double ballade (p. 107) prouvent qu’il séjourna quelque temps à Blois, à la cour de Charles d’Orléans, et le vers de la page 111 :

Que fais-je plus ? Quoi ? Les gaiges ravoir.

autorise à penser qu’il avait obtenu auprès du prince une de ces charges qu’on donnait aux poëtes de cour. Ainsi, par le Dit de la naissance Marie, Villon n’avait pas seulement échappé au dernier supplice ; il s’était de plus acquis la faveur de Charles d’Orléans, et il sut la conserver, du moins pendant quelque temps, et peut-être jusqu’à la mort du duc, arrivée en 1465.

Il eut un autre protecteur en la personne du duc de Bourbon, qui lui faisait de « gracieux prêts[23]. »

Enfin, Rabelais, livre IV, chapitre xiii, nous apprend que « maistre François Villon, sus ses vieux jours, se retira à Saint-Maixent en Poictou, sous la faveur d’un homme de bien, abbé dudit lieu. Là, pour donner passetemps au peuple, entreprit faire jouer la Passion en gestes et langage poictevin[24]. » Ce témoignage n’est pas irrécusable ; mais pourquoi ne pas l’accepter ? Après une vie aussi agitée, on aime à se représenter le pauvre poëte enfin tranquille, à l’abri du besoin, s’occupant, pour son plaisir, de jeux dramatiques, auxquels il avait dû probablement, dans d’autres temps, demander son pain[25].

En pénétrant dans les mystères de cette existence misérable, on est frappé de deux choses : D’abord, on remarque qu’elle n’exerça pas sur le cœur de Villon toute l’action corruptrice qu’il y avait lieu de redouter. Au milieu de son abjection, Villon conserve des sentiments élevés. Il est plein d’amour et de respect pour sa mère[26], de reconnaissance pour quiconque l’a secouru[27], de vénération pour ceux qui ont fait de grandes choses ; il aime son pays, chose d’autant plus honorable qu’elle était rare en ce temps-là[28] ; il regrette les erreurs de sa jeunesse, et le temps qu’il a si mal employé[29] ; voilà qui doit lui faire pardonner bien des choses.

Puis, quelle influence n’eut-elle pas sur le talent du poete[30] ! Formé, comme on dit aujourd’hui, à l’école du malheur, il vit les choses sous leur vrai jour, et il entra dans une voie tout à fait nouvelle. Il rompit en visière à l’Allégorie, qui régnait alors en souveraine, à toutes les afféteries de la poésie rhétoricienne cultivée par les beaux esprits du temps. Il fut le premier poëte réaliste. Que l’on compare avec ses autres œuvres les quelques pièces qu’il a composées selon la poétique de ses contemporains, la Ballade Villon (p. 109), la Requeste au Parlement (p. 103), et d’autres, et l’on ne sera point tenté de regretter, avec Clément Marot, qu’il n’ait pas été « nourry en la court des rois et princes, où les jugemens s’amendent et les langages se pollissent, » car il y eût certainement plus perdu que gagné.

M. A. de Montaiglon a parfaitement caractérisé le rôle de Villon dans la poésie française. Je ne puis mieux faire que de lui emprunter ces quelques lignes :

« … Au moment où parut Villon, la littérature française en était précisément à cette période de transformation ; de la poésie générale elle passait à la poésie personnelle ; ses contemporains, subissant à leur insu cette phase littéraire, s’essayaient à l’individualité avec plus d’effort que de bonheur ; Villon l’atteignit du premier coup. Sa force est là, et sa valeur s’augmente de l’intérêt que, sous ce rapport, offraient ses œuvres. Elle est tellement saisissante qu’elle a été reconnue de tous, et le succès qui l’accueillit ne s’arrêta pas. François Ier lui fit l’honneur de faire faire une édition de ses poésies par Clément Marot, qui le combla de ses louanges. Un peu plus tard, il est vrai, l’école de Ronsard protesta. Pasquier condamne Villon, et Du Verdier s’émerveille que Marot ait osé « louer un si goffe ouvrier et faire cas de ce qui ne vaut rien. » Cela marque moins un manque de goût que la force partiale du préjugé ; la Pléiade, qui est en réalité aussi aristocratique que savante, ne pouvait admirer Villon sans se condamner elle-même ; mais, ce moment passé, le charme recommence : Regnier est un disciple de Villon ; Patru le loue ; Boileau a senti quel était son rang ; La Fontaine l’admire ; Voltaire l’imite ; les érudits littéraires du XVIIe et du XVIIIe siècle, Colletet, le P. Du Cerceau, l’abbé Massieu, l’abbé Goujet, parlent de lui comme il convient, en même temps que Coustelier et Formey le réimpriment, que La Monnoye l’annote, et que

  1. Voir notamment la Vie de François Villon, par Guillaume Colletet, en tête des œuvres de Villon, édition de M. P. L. Jacob, bibliophile (M. Paul Lacroix), Paris, 1854, in-16 ; — le Mémoire de M. Prompsault, en tête de son édition de Villon, Paris, 1832, in-8 ; — François Villon, Versuch einer kritischen Darstellung seines Lebens nach seinen Gedichten, von Dr S. Nagel. Mulheim an der Ruhr, 1856, in-4, le travail le plus complet et le plus judicieux qu’on eût fait jusqu’alors sur ce sujet, et la base de ceux qu’on a faits depuis ; — François Villon, sa vie et ses œuvres, par Antoine Campeaux, Paris, Durand, 1859, in-8, et la notice de M. Anatole de Montaiglon, excellente pour le fond comme pour la forme, dans les Poëtes Français, recueil publié sous la direction de M. Eugène Crépet, Paris, 1861-62, 4 vol. gr. in-8, t. I, p. 447-455.
  2. Voici cette pièce, que j’ai cru devoir rejeter des œuvres de Villon :

    Je suis Françoys, dont ce me poise,
    Nommé Corbueil en mon surnom,
    Natif d’Auvers emprès Pontoise,
    Et du commun nommé Villon.
    Or, d’une corde d’une toise
    Sauroit mon col que mon cul poise,
    Se ne fut un joli appel.
    Le jeu ne me sembloit point bel.

    L’auteur de ce huitain n’a pas compris l’intention comique de ce vers de Villon :

    Né de Paris emprès Pontoise ;

    C’est pourquoi il le fait gravement naître à Auvers, qui est en effet près de Pontoise. Mais une preuve certaine de la composition tardive de cette pièce, c’est qu’on ne trouverait probablement pas dans la seconde moitié du XVe siècle, et certainement pas dans les œuvres de Villon, un huitain dont les rimes soient distribuées comme dans celui-là. Dans tous les huitains de Villon, sans exception, le premier vers rime avec le troisième, le second avec le quatrième, le cinquième et le septième, et le sixième avec le huitième. Les faussaires ne pensent jamais à tout.

  3. Voy. p. 101.
  4. Voy. le Glossaire-Index, au mot Villon.
  5. V. p. 31, huitain xxxv.
  6. « Oncques lettre ne leuz. » P. 55, v. 22.
  7. Voyez Notes, p. 224.
  8. Voy. Grand Testament, huitains xxxvii (p. 32) et lxxii (p. 52.)
  9. C’estoit la mère nourricière
    De ceux qui n’avoient point d’argent ;
    A tromper devant et derrière
    Estoit un homme diligent. (P. 190.)

  10. Page 83.
  11. Le doux souvenir de cette passion se montre en maints endroits des œuvres de Villon, mêlé à ses regrets et aux reproches qu’il adresse à sa maîtresse avide et cruelle. Voy. les huitains iii, iv, v et x du Petit Testament, lv à lix du Grand Testament, la ballade de la page 57, le rondeau p. 59, etc.
  12. Quoy que je luy voulsisse dire,
    Elle estoit preste d’escouter, etc. (P. 47.)

  13. …… qui partout m’appelle
    L’amant remys et renié, (P. 48.)

  14. Voir notamment les huitains cvi à cx du Grand Testament.
  15. Quant chicanner me feit Denise,
    Disant que je l’avoye mauldite. P. 69.

  16. La sentence fut exécutée. La Double ballade de la page 45 ne laisse aucun doute à cet égard :

    J’en fus batu, comme à ru telles,
    Tout nud… (P. 46, v. 24–25.)

  17. C’est ce qu’indiquent clairement ces deux vers de la page 104 :

    On ne m’eust, parmi ce drapel,
    Faict boyre à celle escorcherie.

  18. Voy. la Belle leçon aux enfans perduz, p. 86, et le Jargon, p. 125.
  19. On a dit récemment que le roi qui délivra Villon était Charles VII. Je ne puis adopter cette opinion. Sans examiner ici la valeur du document sur lequel elle est basée, je me bornerai à faire remarquer que Charles VII mourut à Mehun-sur-Yèvre, près de Bourges, le 22 juillet 1461, précisément au moment où Villon était dans la prison de Meung-sur-Loire, près d’Orléans, où il passa tout un été (p. 21, v. 14,), c’est-à-dire tout l’été de la même année 1461.
  20. Rabelais, livre IV, chap. lxvii. M. Nagel a relevé deux erreurs dans ce passage de Rabelais. Villon n’aurait pu se trouver à la cour d’Édouard V, qui ne monta sur le trône qu’en 1483, et le médecin Thomas Linacre, né vers 1460, ne fut célèbre que sous les règnes de Henri VII et de Henri VIII.
  21. Page 9. — Le Franc archer de Bagnolet dit, p. 157, v. 12 : « Ma mère fut née d’Anjou ; » mais cela ne prouverait rien, même quand il serait démontré que ce monologue est de Villon.
  22. Page 62.
  23. P. 115, v. 6.
  24. Œuvres de Rabelais, édition Burgaud des Marets et Rathery, t. II, p. 92. On voit ensuite un tour joué au sacristain des cordeliers, Estienne Tapecoue, qui sent bien son Villon, mais dont le dénoûment cruel a pu être inventé par Rabelais, qui n’aimait pas les moines.
  25. On croit que Villon donna des représentations dramatiques à Paris et ailleurs, et c’est comme directeur de troupe qu’on lui fait parcourir une partie de la France et des Pays-Bas.
  26. Voy. p. 32, huit. xxxviii ; p. 54, huit. lxxix ; p. 55, Ballade.
  27. Guillaume Villon, p. 9, 53 ; Jean Cotard, p. 22, 58 ; Louis XI, p. 23, 24 ; le Parlement, p. 103 ; Marie d’Orléans, p. 105, 107 ; le duc de Bourbon, p. 114.
  28. Ces deux vers de la page 34 :

    Et Jehanne, la bonne Lorraine,
    Qu’Anglois brulèrent à Rouen,

    lui font d’autant plus d’honneur qu’à l’époque où il les écrivit des gens éclairés regardaient Jeanne d’Arc comme sorcière, et les Anglais avaient en France de nombreux partisans.
  29. Grand Testament, huitain xxvi et suiv.
  30. Travail mes lubres sentemens,
    Esguisez comme une pelote,
    M’ouvrist plus que tous les Commens
    D’Averroys sur Aristote. (P. 25.)