« Les J’ai vu de la promenade de Longchamp » : différence entre les versions

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<div class="text">{{TitrePoeme|[[Auteur:Charles-Hubert Millevoye|Charles-Hubert Millevoye]]||Les ''J’ai vu'' de la promenade de Longchamp}}
<div class="text">{{TitrePoeme|[[Auteur:Charles-Hubert Millevoye|Charles-Hubert Millevoye]]||Les ’’J’ai vu’’ de la promenade de Longchamp}}



==__MATCH__:[[Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/172]]==


<poem>
<poem>
J'ai vu cette brillante fête,
J’ai vu cette brillante fête,
Fête des grâces, des amours,
Fête des grâces, des amours,
Que trois mois d'avance on apprête,
Que trois mois d’avance on apprête,
Et dont on s'occupe trois jours.
Et dont on s’occupe trois jours.
J'ai vu la beauté sous les armes,
J’ai vu la beauté sous les armes,
Rassemblant tous ses traits vainqueurs,
Rassemblant tous ses traits vainqueurs,
Doubler le pouvoir de ses charmes
Doubler le pouvoir de ses charmes
Pour venir assiéger les coeurs.
Pour venir assiéger les coeurs.
J'ai vu la toilette nouvelle,
J’ai vu la toilette nouvelle,
Et, d'honneur, j'en suis enchanté
Et, d’honneur, j’en suis enchanté
Ces dames mettant tant de zèle
Ces dames mettant tant de zèle
À retracer l'antiquité,
À retracer l’antiquité,
Qu'on les verra, si cela dure,
Qu’on les verra, si cela dure,
Quittant l'habit grec ou romain,
Quittant l’habit grec ou romain,
Reprendre la simple parure
Reprendre la simple parure
De la mère du genre humain.
De la mère du genre humain.
J'ai vu tour à tour d'autres belles,
J’ai vu tour à tour d’autres belles,
Se livrant à des goûts nouveaux,
Se livrant à des goûts nouveaux,
Oser, amazones nouvelles,
Oser, amazones nouvelles,
Caracoler sur des chevaux...
Caracoler sur des chevaux...
Comme tomber n'est pas descendre,
Comme tomber n’est pas descendre,
Belles, prenez garde aux faux pas :
Belles, prenez garde aux faux pas :
Vous risquez... Vous devez m'entendre,
Vous risquez… Vous devez m’entendre,
Et Boufflers a su vous apprendre
Et Boufflers a su vous apprendre
Ce qu'il arrive en pareil cas.
Ce qu’il arrive en pareil cas.
J'ai vu la tournure grossière
J’ai vu la tournure grossière
Des parvenus en chars brillants :
Des parvenus en chars brillants :
Ces messieurs se tiennent dedans
Ces messieurs se tiennent dedans
De l'air dont on se tient derrière.
De l’air dont on se tient derrière.
J'ai vu l'intrigant Dorival,
J’ai vu l’intrigant Dorival,
Qui faisait aujourd'hui figure,
Qui faisait aujourd’hui figure,
Et demain vendra le cheval
Et demain vendra le cheval
Afin de payer la voiture.
Afin de payer la voiture.
J'ai vu 'campos ubi Troja...'
J’ai vu ''campos ubi Troja…''
J'ai vu les ruines célèbres
J’ai vu les ruines célèbres
Du temple où jadis ce jour-là
Du temple où jadis ce jour-là
Les nonnettes chantaient ténèbres
Les nonnettes chantaient ténèbres
Avec les filles d'Opéra.
Avec les filles d’Opéra.
J'ai vu la foule confondue
J’ai vu la foule confondue
Revenir, au déclin du jour,
Revenir, au déclin du jour,
Par la longue et sombre avenue
Par la longue et sombre avenue
De ce bois planté par l'amour,
De ce bois planté par l’amour,
Où, dit-on, à l'hymen son frère
Où, dit-on, à l’hymen son frère
Le fripon joua plus d'un tour ;
Le fripon joua plus d’un tour ;
Bois charmant où le doux mystère
Bois charmant où le doux mystère
Établit avec lui sa cour.
Établit avec lui sa cour.
J'ai vu l'amant et son amie,
J’ai vu l’amant et son amie,
Dans leurs yeux portant le bonheur ;
Dans leurs yeux portant le bonheur ;
Je les ai vus d'un oeil d'envie,
Je les ai vus d’un œil d’envie,
Et me suis dit au fond du coeur :
Et me suis dit au fond du cœur :
Ah ! dans ce bois, aimable Laure,
Ah ! dans ce bois, aimable Laure,
Que ne puis-je avec toi rêver !
Que ne puis-je avec toi rêver !
Je ne voudrais m'y retrouver
Je ne voudrais m’y retrouver
Qu'afin de m'y reperdre encore.</poem>
Qu’afin de m’y reperdre encore.
</poem>

Version du 27 septembre 2010 à 12:37

AnonymeCharles-Hubert Millevoye

Les ’’J’ai vu’’ de la promenade de Longchamp

__MATCH__:Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/172

 
J’ai vu cette brillante fête,
Fête des grâces, des amours,
Que trois mois d’avance on apprête,
Et dont on s’occupe trois jours.
J’ai vu la beauté sous les armes,
Rassemblant tous ses traits vainqueurs,
Doubler le pouvoir de ses charmes
Pour venir assiéger les coeurs.
J’ai vu la toilette nouvelle,
Et, d’honneur, j’en suis enchanté
Ces dames mettant tant de zèle
À retracer l’antiquité,
Qu’on les verra, si cela dure,
Quittant l’habit grec ou romain,
Reprendre la simple parure
De la mère du genre humain.
J’ai vu tour à tour d’autres belles,
Se livrant à des goûts nouveaux,
Oser, amazones nouvelles,
Caracoler sur des chevaux...
Comme tomber n’est pas descendre,
Belles, prenez garde aux faux pas :
Vous risquez… Vous devez m’entendre,
Et Boufflers a su vous apprendre
Ce qu’il arrive en pareil cas.
J’ai vu la tournure grossière
Des parvenus en chars brillants :
Ces messieurs se tiennent dedans
De l’air dont on se tient derrière.
J’ai vu l’intrigant Dorival,
Qui faisait aujourd’hui figure,
Et demain vendra le cheval
Afin de payer la voiture.
J’ai vu campos ubi Troja…
J’ai vu les ruines célèbres
Du temple où jadis ce jour-là
Les nonnettes chantaient ténèbres
Avec les filles d’Opéra.
J’ai vu la foule confondue
Revenir, au déclin du jour,
Par la longue et sombre avenue
De ce bois planté par l’amour,
Où, dit-on, à l’hymen son frère
Le fripon joua plus d’un tour ;
Bois charmant où le doux mystère
Établit avec lui sa cour.
J’ai vu l’amant et son amie,
Dans leurs yeux portant le bonheur ;
Je les ai vus d’un œil d’envie,
Et me suis dit au fond du cœur :
Ah ! dans ce bois, aimable Laure,
Que ne puis-je avec toi rêver !
Je ne voudrais m’y retrouver
Qu’afin de m’y reperdre encore.