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{{sc|Vertus chaudes et froides}}. - Le courage, en tant que résolution froide et inébranlable, et le courage, en tant que bravoure fougueuse et demi-aveugle - pour ces deux courages il n’y a qu’un mot ! Combien différentes sont pourtant les vertus froides des vertus chaudes ! Et fou serait celui qui s’imaginerait que la « qualité » de la vertu n’est ajoutée que par la chaleur, plus fou encore celui qui ne l’attribuerait qu’à la froideur ! À vrai dire, l’humanité a jugé très utile le courage de sang-froid ou fougueux, et de plus, trop peu fréquent pour ne pas le faire briller parmi ses joyaux sous deux couleurs différentes. |
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{{sc|La mémoire courtoise}}. - Celui qui occupe un rang élevé fera bien de se procurer une mémoire complaisante, c’est-à-dire de retenir sur les gens tout le bien possible et d’arrêter ensuite le compte : on les tient ainsi en une agréable dépendance. L’homme peut aussi procéder ainsi avec lui-même : a-t-il une mémoire complaisante ou non, c’est le point décisif pour juger de son attitude vis-à-vis de lui-même, de la noblesse, de la bonté ou de la méfiance dans l’observation de ses penchants et de ses intentions, et finalement de la qualité même de ses penchants et de ses intentions. |
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Version du 7 janvier 2012 à 15:10
femmes dont la chair est prompte, mais l’esprit faible !
277.
Vertus chaudes et froides. — Le courage, en tant que résolution froide et inébranlable, et le courage, en tant que bravoure fougueuse et demi-aveugle — pour ces deux courages il n’y a qu’un mot ! Combien différentes sont pourtant les vertus froides des vertus chaudes ! Et fou serait celui qui s’imaginerait que la « qualité » de la vertu n’est ajoutée que par la chaleur, plus fou encore celui qui ne l’attribuerait qu’à la froideur ! À vrai dire, l’humanité a jugé très utile le courage de sang-froid et le courage fougueux, pourtant cette distinction n’était pas assez fréquente pour qu’elle les fasse briller parmi ses joyaux sous deux couleurs différentes.
278.
La mémoire courtoise. — Celui qui occupe un rang élevé fera bien de se procurer une mémoire courtoise, c’est-à-dire de retenir sur les gens tout le bien possible et d’arrêter ensuite le compte : on les tient ainsi en une agréable dépendance. L’homme peut aussi procéder ainsi avec lui-même : a-t-il une mémoire complaisante ou non, c’est le point décisif pour juger de son attitude vis-à-vis de lui-même, de la noblesse, de la bonté ou de la méfiance dans l’observation de ses penchants et de ses intentions, et finalement de la qualité même des penchants et de ses intentions.